dimanche 23 novembre 2014

PERE-NO, POUR NOEL JE VOUDRAIS...


C'est à peine hier que j’ai rangé les boules, la crèche et les guirlandes! Du moins c’est l’impression que j’ai. Mais le fait est là, c'est déjà Décembre avec sa magnifique fête de Noël, et tout le tohu-bohu que ça suppose. Noël, c'est les réunions de famille, la joie des enfants, la formidable sensation (éphémère) que le monde est meilleur, que l'homme est bon. Tout d'ailleurs me pousse à le croire. D'abord les longs métrages à la télévision. Comme par magie, les films d'actions disparaissent avec leurs tueries et leur violence pour faire place à des histoires sentimentales et niaises qui me font, malgré tout, monter la larme à l'oeil. Et puis il y a toutes ces lumières, ces décorations, ces anges flamboyants, et surtout ces tas de cadeaux. C'est aussi agréable d'en faire que d'en recevoir !

Mais au lieu des agendas couleur caca d’oie, des chemises imprimées perroquet, des boites de chocolats achetées à la dernière minute et la sempiternelle bouteille de whisky (je garderais quand même le séjour à Venise à 2 si mes amis se cotisent… ;)), je propose que nous demandions tous (c’est à dire les Libanais) la même chose. Peut-être que ce sympathique bonhomme en rouge a le pouvoir que nous n’avons pas…

Pas de montres, de bijoux et de colifichets mais des cadeaux beaucoup plus utiles qui nous faciliteraient tellement la vie:

  • Des conducteurs qui respectent les feux rouges.
  • Des conducteurs qui ne klaxonnent pas à la millième de seconde où le feu passe au vert.
  • Des égouts, des vrais, avec des trous d'évacuation au bord de la route. Parce que la dernière fois qu'il a plu j’ai du sortir le matériel de plongée pour évacuer les enfants, et que l'ainé des voisins a bruyamment insisté pour aller à l'école en dinghy.
  • Des jardins. Partout. Vraiment partout. Même sur les toits.
  • Des bus légaux qui passeraient tous les quarts d'heures. Avec des arrêts bien signalés et des trajets bien définis. Car les “Hadeth-Dora” c’est bien trop vague.
  • Des taxis qui utilisent leurs clignotants, qui se garent bien au bord de la route et attendent que vous ayez passé pour redémarrer. C’est peut-être trop lui demander au Père-No.
  • Des manières au volant à ceux qui n’en ont pas. Père-No devra pour ça utiliser la fortune de Carlos Slim.
  • La fin des trois chantiers autour de mon immeuble (et du votre probablement): celui pour les téléphones (ou pour l'eau vous ne savez plus); celui du trottoir (qui servira de parking bien sûr) et le nouvel immeuble qui restera probablement inachevé donc inhabité pendant de longues années.
  • Un moyen de traverser la côte du Kesrouan en 10 minutes pas en 10 heures… 
  • Une connection internet qui s'en fiche de la pluie, parce que essayer 4 fois de poster ce texte... c'est trop.
  • Des flics qui ne se grattent pas les couilles juste devant vous et qui savent vraiment gérer la circulation. Hmm… Débordé qu’il va être le vieux… 
  • L'électricité 24h/24h et des réverbères allumés la nuit. Je crois qu’avec cette dernière requête le Vieux Bonhomme va prétendre n’avoir rien entendu. 
  • Je lui évite la Paix. Parce que depuis le temps que nous la demandons, elle n’existe probablement pas dans sa hotte. 

Josyane BOULOS

vendredi 3 octobre 2014

BICHA... MON BEYROUTH ( Un hommage à ma mère)

Ce texte n'est pas écrit par moi, mais par un ami très cher, que certains reconnaitront. J'ai pris sa permission de le publier sur mon blog, un magnifique hommage à ma mère, que je voudrais partager avec vous.





A mes amis libanais.

Ce matin, Beyrouth s'est arrêté.
Il n'y a pas eu moins de bruits de klaxons, ni moins de trafic ou de vendeurs à chaque feu rouge.
Il n'y a pas eu plus de violence ni plus d'espoir dans les rues de Chiyah.
On n'y a pas planté un arbre ni stoppé la moindre seconde les travaux de SAMA Beyrouth.
Le courant s'est coupé à la même heure et l'eau n'a pas jailli plus qu'un autre jour.
Le Liban s'est réveillé aussi fragile que la veille mais toujours debout.
Et pourtant, Beyrouth s'est arrêté.
Pas Beyrouth le vôtre, juste le mien.

Il s'est évaporé en lisant mon téléphone sur la ligne du métropolitain, dans la chaleur accablante d'une foule qui traverse Paris pour aller travailler.
Je me suis assis, remis mes lunettes pour cacher mes yeux embués et laissé ma place.
En quittant mon siège j'ai capitulé face à l'évidence qu'en nous enlevant Bicha, mon Beyrouth s'arrêtait aussi.
D'autres souvenirs joyeux, artistiques, humains resteront mais ce Liban là, il n'existera plus.

Je ne suis pas Libanais, ni de la famille, je n'ai quasiment pas connu Jean-Claude ni l'âge d'or.
Je n'ai pas connu la guerre, ni même l'entre deux guerres.
Mes séjours s'apparentent à des vacances prolongées dans l'espoir d'amuser, un peu mes "tantes" chéries d'Ashrafieh.
Cependant durant quelques mois, j'ai été l'heureux invité de Blanche, le témoin d'une femme forte, intelligente et irrésistiblement drôle.
Elle m'a raconté son Liban, sa jeunesse, ses enfants et bien sûr Jean-Claude.
C'était la tradition du café quotidien qui donnait le ton de ma journée.
Elle le faisait malgré l'usure et l'absence avec la même générosité et humour.
Selon les jours, j'avais droit à une anecdote ou
à une remontrance parce j'avais laissé les phares de ma voiture allumés toute la nuit.
Beyrouth, c'était les histoires de Bicha.
J'ai dégusté ces moments-là et me suis construit un Liban singulier qu'on ne me rendra pas.
Mon Beyrouth, c'est celui-là. Celui que m'ont fait découvrir Josyane et Bicha.

Alors ce matin, pour calmer cette peine, je me suis rappelé les deuils, les amis disparus, repensé à ceux qui restaient mais rien n'y a fait, moi l'invité de Hazmieh, j'étais inconsolable.

Et j'ai pensé à Josyane, Myrna et Nagy, à leurs enfants pour qui Beyrouth n'est pas un voyage et mesure donc l'ampleur de ce vide que Blanche va laisser avec ses souvenirs.

Je me les rappelle aujourd'hui.

Voici. Par ses quelques mots j'ai voulu témoigner de ma tristesse d'invité, de visiteur et d'ami pour cette belle famille qui a été, est et restera mon Liban.

Ce matin donc, mon Beyrouth s'est arrêté car Bicha a décidé de retrouver Jean-Claude.
Jean-Claude, il est bien le seul à avoir le sourire aujourd'hui.

L'invité
03 octobre 2014

dimanche 17 août 2014

JE SUIS GROSSE ET ALORS ?


During my Pilates Class - Photo Maya Khairallah

Je suis ronde. Depuis ma naissance. Ronde pour mieux rebondir.

Prémices de seins à 7 ans, pubère à même pas 11 ans, à 14 ans on m’en donnait 20 et à 52 ans on m’en donne 38, (parfois 42,  si j’ai mal dormi :) )

Je suis ronde et ça ne m’a jamais dérangé ou empêché de faire quoi que ce soit. C’est les autres que ca dérange.

A 7 ou 9 ans, le premier petit garçon me traite de « grosse patate ». Comme j’adorais les frites, j’avais pris ca pour un compliment. Ce n’est que quand sa maman lui a dit «  c’est méchant ce que tu dis » que je me suis doutée, que patate n’était pas l’équivalent de délicieux.  C’était donc la première remarque élégante sur mes rondeurs. Depuis des centaines ont suivi. Je pourrais écrire un livre entier sur les remarques « obligeantes, pour mon bien, parce qu’on t’aime, pour ta santé… » que l’on m’a balancées. Parents, amis, inconnus, tout le monde s’est permis de faire un commentaire sur mon poids. A croire que ça changerait la face de monde si j’en perdais. ET J’EN AI PERDU. Près de 600 kg au cours des années… Et repris 610. Parce qu’on reprend toujours un peu plus.  Comme la glace ou le gâteau au chocolat. Et le monde n’a pas changé !

Moi si. Parce qu’au fil des années, j’ai quand même eu la preuve que les patates, c’est quand même délicieux. Aucun homme ne s’est jamais plaint de s’endormir sur mon ventre rond, et les bébés se calment dès que je les porte sur mes seins pour lesquels, me dit un ami « tu devrais avoir une licence de port. »

La poire est, selon les britanniques, la forme idéale d'une femme en bonne santé, ronde là où il faut! (J’adore les britanniques!)  Mais être en bonne santé (“en bon point”, en ancien français justement) veut dire jouir de la vie dans tout ce qu'elle offre de beau et ...de bon!  Et dans notre société de consommation actuelle où tout est à portée de mains et que les signes extérieurs de richesse sont les voitures, les bijoux, les tenues vestimentaires, le nombre de domestiques et les ampères loués du générateur du coin, il est de bon ton de rester mince pour prouver que quelque part on se sacrifie un peu ... d'où le "tu as grossi" envieux, parce que vous êtes une personne qui s’assume et que 5,6, 10 kilos en plus ou en moins n'ont jamais anéanti votre joie de vivre!

Maintenant que j’y pense, être en surpoids m’a probablement permis de faire beaucoup de choses.  Vouloir à tout prix compenser le fait que j’étais grosse, par des milliers d’actes de gentillesse, de bonté, de créativité, faire du sport, faire plus, aller plus loin pour plaire, ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui.

Et le résultat n’est pas si mauvais. 

Josyane BOULOS

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(Bad) English Version



I am round. Since my birth. Round to rebound.

My breasts appeared when I was 7. Puberty started at not even 11 years . when I was 14 years old people gave me 20 and at 52 years they think I’m 38 (sometimes 42, if I did not sleep well :))

I am round and it never bothered me or unabled me to do anything. It is the other who minds.

A 7 or 9 years, the first little boy called me a "big potato." As I loved fries, I took that for a compliment. It was only when her mother told him "that's mean what you say" I realised that potato was not the equivalent of delicious. That was the first elegant remark about my curves. Then hundreds followed. I could write a whole book on the remarks "obliging, for my good, because we love you, for your health ..." that have been thrown at me. Family, friends, strangers, everyone felt allowed to comment on my weight. Makes you believe that it would change the face of the world if I lost weight. AND I'VE LOST A LOT. Nearly 600 kg over the years ... and taken 610 Because you always take a little more. Like ice-cream or chocolate cake. And the world has not changed!

I did. Because over the years I had the proof that potatoes, are delicious. No man has ever complained to fall asleep on my round belly, and babies calm down when I wear them on my breasts for which, a friend told me "you should have a license to carry. "

The pear is, according to the British, the ideal shape of a healthy woman, round where you need it! (I love the British!) But being healthy means to enjoy life in all what it offers from beautiful to ... tasty! And in our consumer society where everything is within reach and the signs of wealth are the cars, jewelry, outfits, the number of domestic and leased electricity amp, it is fashionable to stay thin to prove that somewhere we sacrifice a bit ... hence the
envious "you have put on weightbecause you are a person who assumes that 5, 6 and 10 pounds more or less never destroyed your joy of living!

Now that I think about it, being overweight has probably allowed me to do many things. To erase the fact that I was fat, by doing thousands of acts of kindness, goodness, creativity, play sports, do more, do more to please, have made me what I am TODAY.

And the result is not so bad.

mardi 22 juillet 2014

RENCONTRE DANS UN PUB - SUITE 2


Photo Josyane Boulos
"Tu es le plus gentil monsieur de tous les magasins du monde" lui dit le petit Karim. C’est à ce moment qu’elle est tombée amoureuse de lui. Pas de Karim bien sûr, mais de Pierre. 3 jours auparavant, ils avaient fait l’amour. Pour la première fois apres leur rencontre dans le pub. Parce que c'était le printemps? Parce que elle s'ennuyait? Parce qu’après tout, pourquoi pas ? Elle ne sait pas. Sa femme était en voyage et ils avaient fait l'amour. Et c'était bien. Un peu trop bien?

Et là, elle était dans sa boutique d’antiquités. Parce qu’il est antiquaire. Pas médecin, avocat ou ingénieur ... Mais antiquaire. Passionnément. Il aimait chacun de ses objets et en parlait avec délice. Il avait une allure d’athlète. Et une tête d’espagnol. Pas du tout comme on imaginerait un antiquaire. Grand. Epaules larges, cheveux très courts noirs. Des bras puissants. Un nez busqué impossible qu’il détestait mais qu’elle trouvait très séduisant. Le défaut qui faisait ressortir toute la beauté du reste.

La boutique était remplie de clients bruyants et bavards. Elle était nonchalamment adossée à son bureau, attendant calmement, se délectant de ses coups d'oeil furtifs et de ses frôlements discrets.
La porte en verre de la boutique s'ouvrit avec fracas et un petit garçon de 7 ans entra en criant " je suis là!" et courut vers Pierre.
Karim sautille en demandant : « Tu l’as trouvé ? Tu l’as trouvé? » Pierre éclate de rire « J’en ai trouvé tout un tas ! »,  et il l’emporte vers un bahut sur lequel étaient posés une vingtaine de clowns en verre de toutes les couleurs. L'homme et l’enfant riaient de bon coeur.
« Qu’est-ce qu’ils sont beaux, s’exclame Karim.  Je peux les toucher? »
Pierre le soulève et lui dit : « tu peux même en choisir un. »
- Pour de vrai?
- Celui que tu veux.
- Même le grand bleu avec les chaussures jaunes ?
- Oui, même celui-là. Tu peux l’attraper?

Karim se penche en avant, le bras tendu jusqu’au bout des doigts et prends le clown. Le sourire du gamin est radieux. Il a trouvé un trésor dans la caverne de Pierre.
- « Attention de le casser,» prévient Pierre en posant Karim par terre. « On va emballer ton cadeau dans du papier journal pour le protéger et le mettre dans ton sac à dos. »

Main dans la main, ils se dirigent vers le bureau qu’elle n’avait pas quitté et d’où elle observait la scène, ravie. Pierre la regarde avec des yeux noyés de tendresse. Son coeur fait un bond.
"Hey calme-toi... », se dit-elle
« Karim, je te présente mon amie Kate, Kate voici mon ami Karim "
« Bonjour Karim, il est très beau ton clown."
Karim se retourne vers Pierre
- « Elle est très jolie ton amie »
- « Oui, moi aussi je la trouve très belle »
Et le coeur fait un deuxième bond. Ça n'allait plus là. Ce n’était pas dans le contrat.
- « Hey,  jolie Kate, si tu emballais le clown de Karim? Je dois m'occuper d'un client.»
 Elle prends l'objet et mécaniquement l’enveloppe dans des papiers journaux. Ses pensées s'envolent vers l'après-midi qu’ils avaient passé ensemble. Sa peau était douce, ses baisers voluptueux, son abandon délicieux. Lui qui était hyperactif au jour le jour, s'avérait être d'une tendresse et d'une douceur inattendue au lit.  Elle frissonna...  Attention, ça aussi ce n'était pas dans le contrat.
"Jolie Kate, un seul papier journal aurait suffit" murmura Pierre à son oreille.  Elle regarda son travail.  Elle rit doucement. Le paquet était énorme!
Pierre lui fit une petite chiquenaude sur le nez, lui prit cadeau des mains et le fourra dans le sac du petit garçon.
- « Non seulement elle est jolie Kate mais en plus elle est très gentille! Regarde comme elle l’a bien emballé ton clown !"
- "Merci jolie Kate"
- "Comment tu vas le prénommer ton clown?"
- " Je ne sais pas encore, peut-être Pierrot!"
- C'est une excellente idée. Je suis sûre que ca fera plaisir à Pierre lui répondit- elle en levant les yeux vers ce dernier.
Leurs regards se croisèrent. Intensément.  Elle fit un effort monstrueux pour ne pas l'embrasser. Ses lèvres l'hypnotisaient. Pendant un moment, long comme une heure,  elle se sentie seule au monde avec lui dans une boutique où fouinaient au moins dix clients.
« Réveille-toi idiote! », lui hurla sa voix intérieure. Dieu merci pour le subconscient !
 Elle détache ses yeux de Pierre et respire profondément. Ca n'allait plus du tout là. Il fallait se ressaisir ou mieux encore, quitter les lieux avant le désastre.

Mais… c'est à ce moment que Karim enlace les jambes de Pierre et dit :
-       « Merci! Tu es le plus gentil monsieur de tous les magasins du monde ! »

Et c'est à ce moment là qu’elle est tombée amoureuse.

Merde.

samedi 12 juillet 2014

RENCONTRE DANS UN PUB

Photo Josyane Boulos- Londres
Elle venait très souvent dans ce pub. Les propriétaires étaient des amis et elle s'y sentait chez elle. Elle connaissait tous les clients, des habitués. Une ambiance bon enfant, sécurisante.
Et puis un soir, elle le vit. Un nouveau. Un sourire à faire fondre l'iceberg du Titanic. Eye contact. Sourires partagés. Frisson dans le dos. Plus précisément au bas de la nuque. Elle était avec ses copains. Rien de plus ce soir-là.
Vendredi soir. Il était là. Quand ils se virent, leurs sourires illuminèrent les lieux. Bizarrement, elle n'osa pas faire le premier pas. Ils se contentèrent de regards volés, de frémissements cachés.
En quittant, elle demanda au proprio de l'avertir la prochaine fois qu'il viendrait. Elle viendrait aussi. Seule.
Mardi soir. Whatsapp: « Il est là. Seul. Il n'arrête pas de scruter la porte. »
Elle n'a jamais conduit aussi vite.
Il était assis au bar comme d'habitude. Elle s'approcha.
-« Je peux? » demanda-t-elle en indiquant la chaise près de lui.
-« Je n'attendais que ça »
Ils bavardèrent longtemps. Une multitude de sujets qui les intéressait tous les deux.
Et puis elle sentit qu'il allait lui poser la question. Elle en était même sure.
- « Quel âge tu as? »
Bingo... ça ne ratait jamais - elle faisait bien plus jeune que son âgé, malgré son expérience de la vie... Ou peut-être à cause (grâce?) d'elle. Jouerait-elle la coquette et répondrait "l’âge qui te plait?" Ou lui dirait-elle la vérité?
Elle le regarda ... Non, ce mec lui plaisait vraiment. Elle opta pour la vérité.
-« 50 ans… » « Mon Dieu, pensa-t-elle, qu'il ne réplique pas avec un "incroyable tu fais plus jeune et blablabla..., je serais terriblement déçue."
Il se contenta de la regarder longtemps avec un sourire en coin.
- « Quoi? » ne put-elle s'empêcher de demander
- « Rien. Tu es belle. »
Elle sentit son coeur toucher le plafond et revenir à sa place. Peut-être même, pas tout à fait à sa place...

samedi 14 juin 2014

JE M'EN FOOT!!

           
   
Emission Malaeb 1982 - Tele-Liban. Présentée par Jean-Claude Boulos et Josyane Boulos
Quand un homme bien éduqué devient en un instant vulgaire et même franchement ordurier, sans pour autant être au volant de sa voiture, c'est qu'il regarde un match de football. Dès qu'il est question du ballon rond, l'Homme devient un grand môme dans un corps d'adulte. Vous n'avez pas vraiment un  parti pris contre ce sport. Mais quand vous remarquez les métamorphoses que le foot occasionne à votre compagnon, vous ne pouvez pas vous empêcher de réagir. C'est fou ce qu’un carton rouge (celui du stade!) peut transformer l'homme tranquille de votre vie en énergumène délirant. Lui et sa bande de copains venue en renfort avec canettes de bière et cochonnailles  hurlent en choeur "Mort à l'arbitre " , " Sale traitre" et " Vendu"  à tout bout de champ. Evidemment quand c'est le tour de l'équipe adverse d'écoper, la bande exulte, applaudit  et s'époumone en GOOOOOOOALS jouissifs qui ont le don de réveiller bébé qui venait juste de s'endormir ou encore de faire rappliquer la mémère du dessus qui n'arrive plus à écouter son turc favori.

Il y a le Mondial, l'Euro, la Coupe des Coupes et les Championnats du Liban. On peut bien sûr citer la Formule 1, le tennis et le basket mais le foot remporte le premier prix, la palme d'or et même le prix spécial du jury. Essayez de déplacer un fou de foot de devant son écran le soir d'un Brésil-Allemagne, d'un France-Italie ou d'un Hikmeh-Nejmeh.
" Chéri, c'est un match décisif, mythique!! Tu comprends, le monde entier attend une  rencontre de ce calibre depuis des mois !", " Tu veux dire les hommes du monde entier, mon chou, parce que franchement, je préfère mater Brad!"; " Cantona est très sexy en short et ce n'est que tous les 4 ans qu'il y a Mondial". Simple calcul: le mondial c'est minimum 22 jours soit plus ou moins 2800 minutes (sans les prolongations), ajoutez les autres rencontres au sommet de chaque année, ça fait beaucoup de soirées! Mais inutile de discuter. Il vaut mieux profiter de ce décrochage momentané de l'Homme de la réalité qui l'entoure pour organiser des soirées entre filles et ... se laisser gentiment draguer par des fans de basket!!!

Bien sûr il vous est arrivé de suivre un match avec l'Homme et ses copains. Les copains sont indispensables pour ce genre d'évènement. On ne regarde pas un match de foot en amoureux. C'est  trop calme, trop triste. Et puis la Femme ne reconnait pas Cantona (Eric) de Cantona (son frère), ni Ronaldo Un de Ronaldo Deux Elle ne fait pas la différence entre un corner et un coup franc. Alors pendant tout le match, l'Homme doit expliquer les tactiques de génie de l'entraineur et les erreurs flagrantes de l'arbitre "clairement à la solde des autres". Quand au terme de 15 minutes d'explications sur fond de commentaires excités, vous confondez encore out et hors-jeu, l'homme abandonne! Si vous n'arrivez pas à comprendre ce jeu " d'adulte " qu'est le foot, vous êtes déclarée irrécupérable. Mais il faut avouer que vous avez souvent été admirative: votre mari, qui oublie toujours d'acheter le pain, peut vous dire sans hésiter quel était le score du match Allemagne - Pays-Bas qui a eu lieu à Munich en 1974, qui a marqué le but décisif. Et à quelle minute.  Faites- lui passer le test !



Réponse : 2-1 pour l'Allemagne, Gerd Muller, 43ème minute

 Josyane Boulos
Ecrit en juillet 97
Carton rouge Hors-série Homme (Femme Magazine)

jeudi 20 février 2014

LA FEMME QUI MARCHE DANS HAZMIEH

Photo Josyane Boulos

Je la croise tous les jours. A n’importe quelle heure. Par n’importe quel climat. Que je sorte de chez moi, que je revienne chez moi, que j’aille faire des courses.

Moi au volant, elle à pied.

Inlassablement elle marche. Depuis des années elle arpente les rues avec sa canne à la main d’un pas énergique, des jambes élancées à rendre jaloux n’importe quel top modèle. Parfois elle fait les poubelles. Ce doit être sa pause avant de reprendre sa marche.

Je n’ai jamais voulu l’arrêter pour lui demander qui elle est ? D’où elle venait ? Et pourquoi elle marchait autant ? Je sens que ce serait une intrusion à sa liberté. A son vagabondage sans but.

Quand je la vois marcher les yeux dans le vague, slalomant entre les trous et les voitures mal garées, ignorant les klaxons et la pollution, j’imagine qu’elle élimine dans sa tête le béton, l’asphalte, les immeubles, la ferraille, le bruit et qu’elle les remplace tous les jours selon son humeur, par des paysages sereins, des montagnes enneigées, des forêts luxuriantes, des jardins fleuris, des plages au sable blanc, des steppes arides et des déserts torrides.

Je marche seul
Dans les rues qui se donnent
Et la nuit me pardonne, je marche seul
En oubliant les heures,
Je marche seul
Sans témoin, sans personne
Que mes pas qui résonnent, je marche seul
Acteur et voyeur
 (Jean-Jacques Goldman)

Inlassablement elle voyage.

Loin de nous, loin de tout. Loin du web, loin du cellulaire, loin de la télé, loin des médias, loin des barbus et des tondus.

Libre.


jeudi 16 janvier 2014

BOMBE NUCLEAIRE...



La plus belle invention du siècle (enfin du 20eme) c’est Internet et avec lui le chat qui nous garde en contact avec les gens qu’on aime, puisque la moitié est partie ailleurs vivre tranquillement.
Parce que depuis un moment, nous Libanais vivons dans l’angoisse d’une voiture piégée. Que dis-je! de plusieurs! Un moment? Je suis optimiste… une vie plutôt ! Les malls sont désertés, les embouteillages plus légers (sauf quand les journaliers de l’EDL bloquent la voie rapide de Daoura…), les boutiques vides même en période de soldes… Bref un poids lourd sur nos épaules et forcément une atmosphère de légère déprime dans l’air.
Donc le Chat. Un souffle. On peut se plaindre sereinement à ceux qui n’ont pas les mêmes angoisses que nous. Extrait d’une conversation avec un excellent ami qui vit a Dubaï, banlieue de Beyrouth ;) 

-        hello habibi!! Comment vas-tu?
-        Ca va et toi? Tout roule à Dubaï?
-        Oui, oui ca va
-        Au boulot je suppose?
-        Oui absolument
-        Moi je suis encore au lit…
-        A cette heure ci?
-        Oui… je deviens de plus en plus paresseuse. Plus la patience de rien ni de personne.
-        C’est horrible a Beyrouth n’est ce pas?
-        La même merde depuis toujours. Tout le monde prétend que ca ira, ca va, on met nos masques et on survit… Tout est faux…
-        Et la solution est?...
-        Une bombe nucléaire?
-        Ha ha ha , NOOOOO. Les bons et les mauvais partiront…
-        Alors la solution : Un gouvernement pacifique et démocratique en Syrie, la paix avec Israël, la création d’un état palestinien, le retour des palestiniens chez eux, le retour des refugies syriens chez eux, un gouvernement libanais laïque et libre, des institutions non corrompues, pas d’autre armée que l’armée libanaise.
-        Aha… je dirais que tu as raison : bombe nucléaire…