jeudi 2 avril 2015

BANJOURAYN ET CHEWING-GUM

Caricature : Garagotte

On dit que c'est le patron qui fait la secrétaire. C'est lui qui la choisit pour son efficacité, son incapacité ou juste pour ses beaux yeux. À travers les réseaux interurbains, elles sont la façade de l'entreprise où elles travaillent. Leur comportement au téléphone peut dire beaucoup sur leur employeur: efficace : le patron est pro ;  nonchalante: le patron est mou; agressive: le patron lui permet tout; trop sensuel: le patron se permet tout ! 

Au téléphone, rien qu'à la façon dont certaines disent ALLO, le résultat est celui qu'on attend. Voici une rapide compilation, tirée du quotidien … (histoires vraies... pimentées!)
  • “Bonjour."
Un inévitable “Banjourayn” à l’accent chewing-gum retentit dans mon oreille.
Ça commence mal! En appelant cette institution bien connue, je m’attendais à un accueil un peu plus correct.  Comme la conversation est déjà entamée, j’enchaîne: 
  • “Je voudrais parler à Monsieur W.G, s'il vous plait"
  • “Eh aayné (le droit) qui parle? "
  • “Josyane Boulos." 
  • “Eh, il n'est pas la aayné (le gauche cette fois). Vous voulez laisser un message ou il y a quelque chose entre vous et lui?”      (son d’un Clorets vivement massacré)
Excédée, je réplique: “Non, ma chérie, entre lui et moi il n'y a rien, du moins pas encore". Décontenancée, cette jeune dame se perd en explications vaseuses et mélange les ayné, habibté et autre tekbriné. Vous laissez votre numéro et raccrochez. Ne vous attendez pas à être rappelée. Ce n'est pas le travail de cette jeune femme qui n'est là que pour trouver le mari idéal. Je parie que son patron ne se prive d'ailleurs pas d'interpeller tous ses clients et relations de "habibé" hypocrites.

Autre genre, autre désastre: celle qui aimerait bien être à votre place, ou à celle de la femme du patron. D'ailleurs il suffirait de peu pour qu’elle postule à remplacer le boss lui-même...
  • ·       Elle: Alluuuuu
  • ·       Moi: “Bonjour, Monsieur D. s'il vous plait."
  • ·       “Il n'est pas là pour le moment. C'est urgent? Parce que si c'est urgent, je sais où le trouver, je peux vous “transfèrt” à sa voiture. "
  • ·       “Nous n'allons pas le déranger. Dites-lui seulement que j'ai appelé, je suis Josyane Boulos. "
  • ·       “Un message? "
  • ·       “Non, c'est personnel"
  • ·       “Ça va Madame vous pouvez me dire, je suis au courant de tout ce qui est personnel”.
Non mais quel toupet! Franchement, en réaction à une réponse pareille peut-on ne pas se poser des questions disons...malsaines? Est-elle payée par son patron pour faire dactylo ou psychothérapeute? Les relations d'affaires ne sont pas sensées savoir qu'en insistant un peu, la secrétaire peut raconter les déboires d'un chef trop expansif.

Et puis il y a les curieuses qui veulent tout savoir:
  • ·       " Je voudrais parler à Monsieur R. "
  • ·       “Qui est à l'appareil?”
  • ·       “Mme Boulos."
  • ·       “De quelle compagnie?”
  • ·       “Les ménagères en colère"
  • ·       « Il vous connaît ? »
  • ·       « Oui »
  • ·       « Vous êtes dans nos fichiers ? »
  • ·       « Je n’en sais rien ! »
  • ·       “C’est à quelle sujet?”
  • ·       “J’ai un projet à lui proposer”
  • ·       “Quel projet?”
A ce moment, me prend l'envie urgente de lui répondre:   " Je veux coucher avec lui, vous me le permettez?” mais je me contente d'essayer de savoir s'il est présent.
“Non, appelez un autre jour." 

Bon, je crois que je vais prendre une semaine de vacances !


Josyane BOULOS

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