dimanche 3 juin 2018

MA JENSYIE YALATIF


Je suis une Yalatif. Née sur une bande de terre étroite au bord de la Méditerranée qui fait 10452km2.
Je suis une Yalatif et fière de l’être. Parce que être Yalatif ce n’est pas donné à tout le monde.
Parce qu’un Yalatif a résisté à plusieurs années de guerre grâce à l’empathie et à l’entraide d’autres Yalatifs
Parce qu’un Yalatif ne laisse jamais son compatriote dans le besoin. Il trouve toujours un moyen pour aider son prochain. 
Parce que quand un Yalatif empêche un Yalatif handicapé d’entrer dans un lieu, des milliers de voix Yalatif se lèvent. 
Parce qu’un Yalatif est résilient. Du pire il arrive à faire du mieux. 
Parce que chaque Yalatif est un gouvernement à lui tout seul. 
Parce que la joie de vivre et l’humour des Yalatifs n’ont pas d’égal dans le monde entier. 
Parce qu’un Yalatif est généreux. Sa table est ouverte et son café toujours prêt, même pour l’inconnu
Parce que quand un étranger voyage au Yalatif, il retourne toujours chez lui des étoiles plein les yeux et des histoires d’hospitalité à n’en plus finir.
Parce que le Yalatif malgré sa petitesse et tous ses défauts est un pays refuge.
Parce que chez le Yalatif on trouve la man2ouché, la tabboulé, la kneffeh, les janerek, le foul et la bazella.
Parce que le Yalatif est libre. Libre de pratiquer (ou pas) la religion de son choix. Libre de porter le voile ou le short. Libre de voter ou pas.
Parce que le Yalatif est un fou du volant. N’est pas donné a n’importe qui de faire passer sa voiture dans des ruelles minuscules.
Parce que quand un jeune Yalatif passe son brevet ou son Bac c’est le pays entier qui passe son brevet ou son bac.
Parce que pendant le Mondial, tous les Yalatifs sont sur le stade.
Parce qu’au Yalatif on s’insulte, on s’invective, on se traite des pires noms mais devant l’ennemi on est un seul bloc.
Parce qu’au Yalatif on fait des chansons pour un oui ou pour un non et on sèche une larme quand on écoute « Reje3 yet3amar Lebnen ».


Au Yalatif, il ne faut pas se leurrer, nous avons peut-être tous les défauts du monde. Mais notre Nationalité, c’est nous qui l’avons enfantée dans la souffrance, dans les larmes et dans la fierté.
Cette Nationalité on y tient.

Farouchement.
Josyane Boulos

*Ecrit suite à l'intervention d'une jeune femme (photo) à l'OTV traitant la nationalité libanaise  de nationalité sans intérêt (hal jensyié el ya latif)