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Je ne sais pas si vous le ressentez comme
moi, mais depuis un moment je sens clairement un vent de positivisme souffler
sur le Liban. Dans tout ce chaos, des actions individuelles forment une base
solide et positive qui fait que ce pays tient encore debout. Et c’est surtout
dans la culture que ça se passe.
On fait comme tout allait bien, sans pour
cela ignorer que tout va mal. C’est une force incroyable.
On ne le dira jamais assez: une civilisation survit grâce à sa culture. En éliminant
la culture d’un peuple on l’annihile. La culture c’est la mémoire
collective. Elle est la preuve de la continuité.
Et cette culture libanaise devient ainsi
un outil pacifique de résistance. Qui fait autant de bruit que plusieurs obus.
Sans être soutenus par qui que ce soit,
sans structures gouvernementales, juste emportés par la passion et la folle
envie de changer les choses, nos jeunes bougent.
Hier, Ely Dagher remporte une Palme d’or à
Cannes, la semaine dernière, Tania Kassis a entonné son Avé islamo-chrétien
devant 40000 personnes à Milan, Mike Massy a enchanté la croisette avec sa voix
unique, Hiba Tawaji signe avec une maison de disque internationale, Amale Clooney défend les droits de l’Homme,
Philippe Aractingi voyage avec son film "Héritages' qui réveille notre mémoire, Matteo El Khodr envoûte la Suisse
avec sa voix rare de contre-ténor. Et ces gens-là font briller le nom du Liban
à l’extérieur.
A l’intérieur, One Lebanon et Heartbeat font
des concerts in-house d’envergure internationale, des jeunes du Collège Notre
Dame de Jamhour créent #beforeIdieIwantLebanon sous le pont Fouad
Chéhab où chacun inscrit librement sa vision du pays, les festivals
internationaux se préparent (et on s’en fiche si la programmation est pleine de p’tits
vieux) et ceux de rues foisonnent, les Dj’s débarquent,
les vernissages nous font découvrir de nouveaux talents, les films locaux et
les pièces de théâtre tiennent longtemps l’affiche comme l’excellente «
Venus » de Jacques Maroun ou au cinéma « Yalla 3a2belkon" de
Elie Khoury. Le Liban vibre. Le Liban réagit. On ne veut pas nous foutre la
paix ? Eh bien on la fera nous-mêmes cette paix !
Et quand tout ce monde-là est applaudit,
nous saluons aussi bien bas. C’est normal que nous soyons fiers. Quand eux
brillent nous brillons avec eux. Parce
qu’ils nous ressemblent plus que les seigneurs de la guerre. Parce que nous en
avons assez d’être constamment homologués au mot terrorisme, massacre, guerre
et j’en passe. Parce que sur cette planète, nous sommes un petit village. Et
quand un de nos villageois gagne c’est tout le village qui pavoise,
reconnaissant. Un petit village
d’irréductibles qui résistent encore et toujours contre l’envahisseur. Avec
comme seule arme un peu de culture, énormément de courage et une sacrée envie
de vivre.
Josyane Boulos