lundi 25 mai 2015

UNE SACREE ENVIE DE VIVRE

Photo from the internet - Sakkera Photos
Je ne sais pas si vous le ressentez comme moi, mais depuis un moment je sens clairement un vent de positivisme souffler sur le Liban. Dans tout ce chaos, des actions individuelles forment une base solide et positive qui fait que ce pays tient encore debout. Et c’est surtout dans la culture que ça se passe.

On fait comme tout allait bien, sans pour cela ignorer que tout va mal. C’est une force incroyable.

On ne le dira jamais assez: une  civilisation survit grâce à sa culture. En éliminant la culture d’un peuple on l’annihile. La culture c’est la mémoire collective. Elle est la preuve de la continuité.
Et cette culture libanaise devient ainsi un outil pacifique de résistance. Qui fait autant de bruit que plusieurs obus.
Sans être soutenus par qui que ce soit, sans structures gouvernementales, juste emportés par la passion et la folle envie de changer les choses, nos jeunes bougent.
Hier, Ely Dagher remporte une Palme d’or à Cannes, la semaine dernière, Tania Kassis a entonné son Avé islamo-chrétien devant 40000 personnes à Milan, Mike Massy a enchanté la croisette avec sa voix unique, Hiba Tawaji signe avec une maison de disque internationale,  Amale Clooney défend les droits de l’Homme, Philippe Aractingi voyage avec son film "Héritages' qui réveille notre mémoire, Matteo El Khodr envoûte la Suisse avec sa voix rare de contre-ténor. Et ces gens-là font briller le nom du Liban à l’extérieur.

A l’intérieur, One Lebanon et Heartbeat font des concerts in-house d’envergure internationale, des jeunes du Collège Notre Dame de Jamhour  créent  #beforeIdieIwantLebanon sous le pont Fouad Chéhab où chacun inscrit librement sa vision du pays, les festivals internationaux se préparent (et on s’en fiche si la  programmation est pleine de p’tits vieux)  et  ceux de rues foisonnent, les Dj’s débarquent, les vernissages nous font découvrir de nouveaux talents, les films locaux et les pièces de théâtre tiennent longtemps l’affiche comme l’excellente «  Venus » de Jacques Maroun ou au cinéma « Yalla 3a2belkon" de Elie Khoury. Le Liban vibre. Le Liban réagit. On ne veut pas nous foutre la paix ? Eh bien on la fera nous-mêmes cette paix !

Et quand tout ce monde-là est applaudit, nous saluons aussi bien bas. C’est normal que nous soyons fiers. Quand eux brillent nous brillons avec eux.  Parce qu’ils nous ressemblent plus que les seigneurs de la guerre. Parce que nous en avons assez d’être constamment homologués au mot terrorisme, massacre, guerre et j’en passe. Parce que sur cette planète, nous sommes un petit village. Et quand un de nos villageois gagne c’est tout le village qui pavoise, reconnaissant.  Un petit village d’irréductibles qui résistent encore et toujours contre l’envahisseur. Avec comme seule arme un peu de culture, énormément de courage et une sacrée envie de vivre.


Josyane Boulos