mercredi 14 avril 2021

A QUOI SERVENT LES BANQUES LIBANAISES?

 


C’est l’histoire de Georgette qui vient tout juste de m’appeler de la banque (celle que j’utilise peu).

-   
- Bonjour Mme Boulos c’est Georgette de la Banque. 
-       Kheir Georgette… (Un appel de la banque ça ne présage pas un bon jour)  
-       Vous avez déposé un chèque à l’ATM d’un montant de XX,000,000 LBP (même pas 1000$ pour ceux que ça intéresse). On voudrait savoir c’est quoi ? 
-       Pardon ? Kif Ya3né « c’est quoi ? »
-       Oui, la banque n’accepte plus des chèques personnels. Seulement des chèques professionnels. Alors nous avons besoin d’une preuve que c’est professionnel…

Le ciel est bleu, le soleil entre à flots dans mon petit coin bureau à la maison, les oiseaux gazouillent dans mon jardin, mon café était bon et le drone israélien se balade au-dessus de ma tête. Tout est normal, mais je pète un plomb quand même.

-       Georgina Habibté (Habibé ou Habibté devient automatiquement le nom de famille de toute personne qu’on est sur le point d’insulter) je n’ai aucune preuve à te donner, mais alors AUCUNE. 
-       Ce sont les directives de la banque.
-       Je m’en fous des directives de la banque, de la banque, du PDG de la banque et de tous les actionnaires. Tu déposes mon chèque et c’est tout. Il est en livres libanaises, je ne pourrais le retirer qu’en libanais et au compte-goutte, je ne peux même pas fermer mon compte chez vous. On fait comment si on ne travaille pas ? Un an et 2 mois que je suis au chômage et tu veux des preuves ? Toi tu touches encore un salaire mais moi rien. Alors ça ne te regarde pas. 
-       Mais madame Boulos… 
-       Wala mais, wala ballout… tu veux des preuves ? Choisis (là je n’ai pas vraiment tout dit de ce que je vous raconte mais je l’ai pensé …) : Je me fais tellement baisée par le gouvernement que j’ai décidé de me faire payer ; j’ai vendu un bijou pour nourrir ma famille (ça j’ai dit) ; j’ai reçu une donation w ma ilik ma3é (ça aussi j’ai dit) ; Ma copine veut m’aider à maigrir et elle me donne mille livres par pas ; J’ai échangé la tirelire en pièces d’euros… Je peux continuer toute la journée, j’ai l’imagination fertile. 
-       Mme Boulos je vais voir ce que je peux faire. 
-       Exactement.  
-       Au revoir Mme Boulos.
-       Ahla.

Josyane Boulos 


mardi 13 avril 2021

LE PAPE PAUL VI AU LIBAN PAR J.C BOULOS

L'équipe de la CLT à l'aéroport de Beyrouth attendant le Pape

Le pape Paul VI devait se déplacer à Bombay, dans un des premiers voyages hors du Vatican, pour assister au congrès eucharistique qui se tenait en Inde. Quelques jours plutôt, un accident avait perturbé la piste de l’aéroport de Rome et il était pratiquement impossible aux avions de l’époque de décoller avec le plein de fuel qui leur aurait permis de gagner Bombay sans escale. Un arrêt technique intermédiaire était de ce fait indispensable. Le Vatican et Alitalia décidèrent qu’il se ferait à l’aéroport de Khaldé. Tout de suite, la télévision entendit bien filmer en direct l’atterrissage de l’avion de sa Sainteté et la bénédiction qu’elle allait donner À la foule de fidèles qui n’allait pas manquer de venir applaudir et ça lui est le pape. L’événement est très trop près de l’événement était trop important pour qu’on ne le couvrait pas ainsi.

Mais pour qui connaît l’architecture alambiqué de l’aérogare, l’affaire ne semble pas devoir se dérouler avec cette évangélique simplicité. Le « stop-over » du pape devait se dérouler de la manière suivante : descente de l’avion, accueil officiel par S.E le président Charles Hélou, passage en revue de la garde, pause-café au salon d’honneur, montée vers la terrasse, traversée de la Grande allée, arrivée au promontoire central du bâtiment, bénédiction de la foule massée devant l’aérogare, retour au tarmac, départ. Évidemment, avec le car de reportage de la CLT, Gary Garabédian ne pouvait disposer que de deux caméras. Pour passer d’un endroit de la terrasse à un autre, il existait une multitude de parapets, qui était autant d’écueils devant le déplacement des caméras lourdes et encombrantes, déjà difficile à déplacer du rez-de-chaussée jusqu’au troisième étage. En un mot, il fallait réaliser l’exploit.

Et l’équipe de la CLT l’a réalisé. Je ne sais pas combien de personnes étaient à l’antenne ce matin (l’arrivée était prévue à 8h), mais ceux qui ont vu la retransmission ont été les témoins d’une véritable prouesse et ont eu l’impression que Gary Garabédian avait six caméras au moins à sa disposition.

Le seul moment qu’il a raté, c’est quand le pape Paul VI et le président Hélou ont pris l’ascenseur pour se rendre à la terrasse de l’aérogare. Sinon, entre le moment où l’avion a atterri, jusqu’au moment où il a décollé, pas une image n’a été perdue. Plaçant ses caméras de telle sorte qu’il pouvait en déplacer une, alors que l’autre filmait, Gary Garabédian a organisé son équipe d’une manière impeccable et des records de branchement, de débranchement, de placement de caméra ont été battus. On a pu assister à un des plus longs travellings de la télévision quand la caméra a suivi le parcours du pape au sol et au troisième étage, quand il a donné sa bénédiction au peuple libanais, il était en gros plan sa voix était nette et l’émotion à son comble.

Jean-Claude Boulos a ses débuts à la CLT 

Une émotion qui avait provoqué les larmes de Camille Menassa, qui commentait en arabe (j’assurais le commentaire français) l’escale historique du souverain pontife au Liban.

On était fiers d’être à la CLT. D’autant plus que Télé-Orient était absente.

Chapeau, les artistes !


Jean-Claude Boulos