Se réveiller le
sourire aux lèvres parce que le fiston arrive ce soir pour fêter Noël avec
nous.
Se jouer en
boucle la scène de l’accueil que lui fera sa sœur à l’aéroport. Se fichant du
monde, elle courra dans ses bras en hurlant son nom. Elle a un corps d’une
femme de 26 ans mais le cœur d’un enfant de
6.
Réunir toutes les
cartes de Noël qu’elle a fabriquées pour les mettre sur le piano.
Se diriger vers
la salle à manger et regarder avec désespoir la table jonchée de papiers d’emballage
et de cadeaux non emballés.
Se promettre
comme chaque Noël de faire emballer les cadeaux dans les boutiques.
Douter de ses
promesses.
Jeter la
bouteille de vin bleu gaiement vidée la veille avec les meilleures amies, qui
même à 50 ans s’amusent à refaire le monde.
Se dire qu’à
n’importe quel âge on peut changer son monde.
Se diriger vers
la cuisine pour ouvrir le frigo qui croule sous les provisions achetées la
veille.
Sourire en
pensant à maman et comment on se moquait gentiment d’elle à chaque arrivage
familial et aux listes de plats à préparer pour nourrir son monde.
Se rendre compte
que depuis qu’elle est partie, on fait pire.
Sécher une larme
et en rire.
Faire une note
mentale de ne pas oublier de lui souhaiter joyeux anniversaire le 25 décembre
sur Facebook. Penser stupidement qu’on ne sait jamais ce que les ondes peuvent
envoyer ailleurs.
Sortir la viande,
préparer les légumes, commencer à
cuisiner pour une armée … de 8 personnes et se servir un verre de vin.
Se rendre compte
qu’il n’est que 11h. Remplacer le vin par un Nescafé. Quand même…
Se demander dinde
ou gigot 20 fois puis décider pour des feuilles de vignes farcies parce que le
fiston adore ça.
Regarder l’heure.
Puis l’application Fly machin pour savoir exactement où il est.
Chantonner avec
Youtube.
Ecraser une
petite larme quand on entend Minuit Chrétien que Papa entonnait immanquablement
à chaque Noël depuis ma naissance, qu’on enchainait avec Happy Birthday.
Rire aux
merveilleux souvenirs de notre enfance où tous les oncles faisaient les
guignols pour nous amuser.
Se rappeler les noëls
de la guerre où on bravait les bombes et les francs tireurs, cachés sous les
valises dans la voiture pour aller fêter dans les lieux « plus sûrs »
qu’étaient Antelias et Zouk. Etre accueillis comme des héros et s’offrir des
cigarettes et des oranges parce que les temps étaient vraiment durs.
Arrêter les
chansons de Noël pour écouter Abba et chanter encore plus fort.
Goûter les
feuilles de vignes et penser modestement qu’on s’est surpassée.
Faire en même
temps du shopping avec la soeurette en France grâce à Watsapp.
Soupirer d’aise
en pensant qu’il y a encore 48 heures avant le réveillon pour les derniers
achats.
Repasser à la
salle à manger et se dire qu’il faut s’y mettre.
S’y mettre.
Ajouter encore
une boule sur le sapin et de la lumière qui clignote au balcon.
Chercher désespérément
un place pour ranger les caisses qui trainent encore depuis le dernier déménagement
Ne pas trouver.
Mettre les
caisses toutes ensemble et les couvrir d’un tissu rouge.
Se convaincre que
c’est une super déco de Noël.
Poster sur
Facebook notre bonheur en touchant du bois parce que Maman était
superstitieuse.
Se rendre compte
avec joie que 5 plats ont été cuisinés et que la maison est prête à accueillir
tout le monde.
Trouver le temps
d’aller chez le coiffeur et l’esthéticienne pour que le fiston et sa copine ne
voient pas la fatigue.
Attendre
impatiemment l’atterrissage de l’avion qui a du retard.
Et se dire que
même si on n’est pas croyant, Il a bien fait de naitre Jésus pour qu’on puisse
vivre toutes ces merveilleuses émotions.
Parce que comme
m’avait dit un ex (musulman) « Y’a rien à dire, Jésus il met de
l’ambiance »
Joyeux Noël J