samedi 11 juin 2022

LES PETITS BONHEURS

 



Photos Josyane Boulos



Oui je sais nous vivons dans une ambiance marasmo-nauséabonde ingérable. Mais on peut faire le choix de se concentrer sur le rouge des robes au parlement ou sur le rouge des cerises de Hammana. Tout est question de choix. Pourquoi Hammana ? Parce que j’y étais ce matin. 

Je fais un métier extraordinaire qui m’occasionne des rencontres inoubliables. Ce matin, j’étais invitée par le Goethe Institute à donner un workshop sur la production à des jeunes qui m’ont épatée par leurs idées, leur créativité et leur passion pour l’art et la culture. Ils sont 8 et pas un seul n’a parlé de « partir ». Et rien que ça, fait du bien. J’avais la possibilité de conduire ma propre voiture ou de prendre un taxi. Les deux étant payés par les organisateurs, j’ai évidemment pris l’option taxi, pour une fois que je pouvais me faire accompagner je n’allais pas faire la fine bouche. Je vais souvent à Hammana, où j’avais organisé pour 3 ans le Festival de l’humour. Le taxi a eu la bonne idée de passer par l’intérieur et non par l’autoroute. Comme il a bien fait ! Parce que sur tout le chemin vers Hammana Artist House, j’ai croisé de petits bonheurs qui rendent notre pays unique. 

Le premier apparait au croisement pour prendre la route à travers les villages. Un taxi rencontre le mien et le « Sabahooooo » joyeux de l’un est accueilli par le « Ahla Habibiiiii » de l’autre. Comment ne pas sourire et se dire que ce n’est pas dans le métro que ça peut arriver. Et puis mon regard est attiré par des trainées de neige qui résistent (elles aussi) sur les hauteurs de Sannine… Il y’a 15 minutes j’étais encore en ville. A la sortie d’un virage, des jeunes de la Croix-Rouge, souriants et enthousiastes installent leur « barrage » en se lançant des vannes. Leur bonne humeur est contagieuse et l’épicière du coin leur lance « Badkon may teslamoulé aw 3assir ? Ma teste7o metel emkon ana ». Un peu plus loin, une rangée de boutiques « Nouveautés », « Saj » et un saugrenu « Pet Shop » qui reflète le désir d’un. e jeune de rester dans son village. Les géraniums fleurissent à profusion, balcons et terrasses et 2 petits vieux remplis d’histoires jouent au tric trac à l’ombre d’un chêne, assis sur des chaises bringuebalantes, venues d’une autre époque. Un homme cueille les cerises de son jardin et me donne envie de descendre l’aider. Et tout le chemin vers ma destination s’est fait les vitres ouvertes pour m’enivrer de cette odeur si particulière des genêts du printemps. Ces petits bonheurs là m’aident à supporter tout le reste.


JOSYANE BOULOS 

lundi 9 mai 2022

CES ARBRES AUX DRÔLES DE FRUITS.


Photo Josyane Boulos (Cèdres du Barouk) 



J'ai retrouvé 2 textes écrits en 2000 avant les élections de l'époque... comme quoi il est vraiment temps de changer les choses : (demain le second) #throwback

Encore quelques jours et nous allons aux urnes, du moins une partie d’entre nous. Des candidats, on connait surtout des images et des slogans douteux. Leurs photos ont tellement envahi notre quotidien qu’on devrait porter plainte.

C’est plus beau que Noël…. Les décorations remplissent les arbres, les poteaux, les immeubles, les sourires-rictus envahissent les rues, les barbes mal-rasées fleurissent et les bajoues s’étalent…Les élections approchent et les candidats à cours de programme véritable s’imaginent qu’une belle photo et une bonne agence de pub pour le graphisme suffisent à embobiner l’électeur. Il y a aussi ceux qui organisent des parades rugissantes et « klaxonnantes », qui distribuent t-shirts, stylos et briquets. Tout est bon pour attirer l’attention. Au lieu de voter pour eux en tant que futurs députés, on devrait plutôt créer une page web et élire le plus amusant des rictus, la dentition la moins soignée, la cravate la plus moche, le regard le plus vide et l’air le plus stupide. On aura l’embarras du choix.
En fait en écoutant les propos orduriers qui s’échangent à longueur de journée, on se demande si ce n’est pas pour la “poubelle” campagne électorale qu’il faudrait voter.

Au lieu de dépenser des millions en photos peu flatteuses, les futurs députés et ex-candidats aurait pu équiper les jardins publics en balançoires, fleurir un quartier ou encore planter un arbre. Chacun aurait pu choisir un arbre qui a rapport à sa condition pour accrocher son portrait. Par exemple : Les grosses huiles et les adipeux planteraient des Oliviers. Ceux qui espèrent faire date opteraient pour les Palmiers bien sûr. Pour les femmes, tradition oblige, c’est le Pommier. Pour les incorruptibles, qui ne ploient que légèrement devant les pressions, on pense sans hésiter au Peuplier. Par contre, des Roseaux pour ceux qui plient le dos jusqu’au sol, jusqu’à s’aplatir mais qui ne se brisent jamais. Ceux qui font des promesses et puis nous font glander, c’est le Chêne qui leur faut. Des Poiriers pour ceux qui nous prennent pour des poires… qu’est-ce qu’il faudra en planter de ceux-là ! Des Cyprès pour ceux qui sont si loin. Un seul Mûrier rien que pour… sans commentaires ! Des Pins pour ceux qui nous en privent… de ceux-là aussi il en faudra des flopées. Des Avocatiers pour tous les Maîtres du barreau qui se présentent, c’est évident. Les Noyers pour ceux qui nous noient avec leurs faux discours. Les Frênes pour freiner les ardeurs du Kesrouan. Ah et puis des Arbrisseaux pour … les enfants de X et Y. Le peuple lui planterait des Cocotiers pour tous, parce qu’ils sont finalement tous de drôles de cocos. Et pour tous aussi des Pêchers, ils en commettent tant au cours des campagnes électorales. Et puis il y a ceux qui se contentent des branches, puisqu’on trouve des Ghosn partout. Les snobs choisiraient le Sassafras, ils ne savent pas ce que c’est mais ça fait bien. Pas d’accrochages sur les Eucalyptus : trop géants pour ces petits nains. Sur les Cèdres aussi on ne trouvera aucune de ces photos, car le Cèdre refuse tous les candidats. Ceux qui n’ont pas trouvé une place sur un arbre ont optés pour deux solutions : les murs…-les pôvres ne savent –ils pas que les Murs ont des oreilles ? - ou alors les poteaux électriques pour ceux qui font “volte-face”, se présentent “d’ampère en fils” et nous laissent dans le noir. Ces derniers finalement ne doivent être ni branchés et ni au courant !
Josyane Boulos
Septembre 2000

dimanche 30 janvier 2022

LES MOTS GENIAUX DE MA FILLE





Comme chaque après midi, je récupère Valerie de Majal. Exceptionnellement hier, j’utilisais la voiture de mon fils.

  • Maman, où est ta voiture rouge ?
  • A la maison ma chérie, depuis le matin je cherche les clés, je ne sais pas où je les ai mises.
  • Attends, je vais demander à Téta

Et la elle regarde le ciel :

  • Téta, il faut aider maman à retrouver ses clés. Vite. Demande aussi à Jeddo.

Je vous laisse imaginer mon émotion

Les clés furent immédiatement retrouvées dans la poche du manteau porté la veille.


FROID DE JANVIER

Byblos - Photo Clara El Kouba

Décidément ma fille Valerie a beaucoup d’humour.

Alors que je lui montrais les photos de la neige partout en ce 27 Janvier 2022, qu’on parlait du froid polaire qui a envahit le Liban et qu’elle me voyait emmitouflée et grelottante (chose rare …) elle me regarde malicieuse puis court vers la fenêtre et me dit:

  • Maman, regarde un iceberg!

samedi 29 janvier 2022

PROBLEMES DE LIBANAIS : #1 LES CHEVEUX LONGS

 



Problèmes de Libanais : (Ces problèmes ne concernent pas la classe politico-mafieuse et leurs sbires qui eux, n’en n’ont aucun) 

# 1 :  Les cheveux longs en hiver (hommes, femmes ou ielles … des cheveux c’est des cheveux).

Pour la majorité écrasante des peuples, se laver les cheveux est une action naturelle : à un moment donné de la journée, on entre sous la douche, on fait son shampoing, un coup de séchoir et on vaque aux activités quotidiennes sans se poser la moindre question. 

Eeeeh au Liban : NON. 

Au Liban, la planification du lavage des cheveux longs est essentielle. Ça ne peut en aucune façon être un acte spontané. Loin de là. Au Liban, ce geste banal de tous les jours, relève d’une stratégie étudiée. 

Il faut tout d’abord vérifier l’alimentation en électricité du « type du moteur » (en arabe « taba3 el motir » carrière typiquement libanaise, en recherche d’une dénomination valable). Chez moi par exemple, actuellement j’ai du courant du 6h30 à 8h (horaire inutile, je dors) et même si je faisais l’effort de me lever tôt, en 1h30, l’eau n’a pas vraiment le temps de chauffer. Puis j’ai le courant de 11h à midi (ne me demandez pas pourquoi cet horaire là… jamais compris). Et pour finir de 16h à 23h30. N’aimant pas me laver les cheveux le soir à cause des faux plis que ça occasionne pendant le sommeil, j’essaye, en général, de faire ça dans cet inique horaire de 11h-12h. J’ai la chance de travailler à partir de la maison (par choix, rien à voir avec COVID) donc je peux prendre cette décision. L’eau ayant déjà chauffée à l’aube, elle est légèrement tiède vers 11h, un peu plus chaude à 11h45. Je saute sous la douche. Shampoing rapide, pas question que ça dure plus de 8mn. Pourquoi ? Parce qu’après : PLUS DE COURANT POUR LE SECHOIR. Cheveux longs en hiver n’oubliez pas ! J’enfile mon peignoir (nouvelle acquisition depuis la crise) qui était posé sur le chauffage tiède et direct séchoir. Évidemment pas le temps de faire un brushing, on n’est pas en France !

Midi : plus de courant mais cheveux propres et secs. 

Ceci-dit, tout se passe en récitant des neuvaines (même les non-croyants s’y mettent) parce que chez nous, dans ce pays de miel et de sang, on peut très bien se retrouver les cheveux pleins de savon, sans électricité, seule dans le noir dans sa salle de bain comme une conne, atteinte instantanément du syndrome de Tourette vociférant des insanités à l’encontre du « type du moteur » et du gouvernement.   Et là évidemment, plus de séchoir, vous vous emmitouflez, changez chaque 10 mn la serviette sur vos cheveux, avalez tasses de thé sur tasses de thé pour éviter la pneumonie omicronnienne.

Alors si j’arrive parfois à un rendez-vous avec des cheveux impossibles, soyez cléments. 

Josyane BOULOS