jeudi 12 décembre 2024

Cinq Jours pour Briller



English Version Below 

Depuis toujours, le théâtre est pour moi un outil puissant de transformation, une fenêtre ouverte sur d’autres perspectives. Aujourd’hui, j’ai l’immense fierté de partager avec vous un projet qui me tient à cœur et que j’ai porté depuis sa conception : Cinq Jours pour Briller : Atelier de Théâtre Inclusif pour Jeunes Adultes. Ce projet unique verra le jour cet hiver au Théâtre Monnot, un espace qui a toujours incarné l’idée d’un dialogue entre les différences.

Fruit d’un financement du Programme américain IVLP, ce projet s’adresse à quinze jeunes Libanais en situation de handicap cognitif. Mais au-delà des chiffres, c’est une initiative humaine et artistique qui vise à leur offrir une tribune où s’exprimer pleinement, où découvrir leur potentiel, et surtout, où être vus et entendus autrement.

Cinq Jours pour Briller repose sur une vision claire : celle de l’inclusion par l’art. À travers des ateliers menés par moi-même et visités par des professionnels du théâtre, ces jeunes participeront à des activités variées comme l’improvisation, le chant, la danse et l’étude de scènes. Chaque moment de ces cinq jours est pensé pour leur permettre d’explorer leurs émotions, de renforcer leur confiance et de développer des compétences essentielles à leur épanouissement social.

Mais ce projet ne s’arrête pas à la scène. En parallèle des ateliers, ce blog documentera leur parcours, offrant un écho à leurs voix et une vitrine à leur talent. Ce journal ne sera pas qu’un témoignage ; il deviendra un outil pour sensibiliser un public plus large à l’importance de l’inclusion.

Des objectifs ancrés dans le réel

  1. Redonner confiance à travers le théâtre Cet atelier créera un environnement sécurisé et stimulant, où chaque participant pourra développer sa créativité et ses capacités de communication.
  2. Sensibiliser à l’inclusion En mettant ces jeunes au cœur de l’histoire, le projet bouscule les préjugés et ouvre la voie à une société plus inclusive.
  3. Renforcer les liens sociaux Grâce à cette expérience immersive, les participants apprendront à construire des relations avec leurs familles et leur entourage, facilitant ainsi leur intégration dans différents milieux.

Un projet qui me ressemble

Cinq Jours pour Briller est bien plus qu’un atelier. C’est une prolongation de mes convictions et de mon engagement envers une culture qui inclut, valorise et célèbre chaque individu. Si ce projet peut inspirer, toucher, et, pourquoi pas, changer des perceptions, alors il aura atteint son but.

En Janvier, lorsque ces jeunes monteront sur scène et illumineront le théâtre de leur énergie et de leur authenticité, j’espère que vous serez nombreux à être présents pour applaudir et soutenir cette belle aventure humaine.

À très vite au Théâtre !

Josyane Boulos


Five Days to Shine

Theater has always been, for me, a powerful tool for transformation—a window into new perspectives. Today, I am immensely proud to share a project that is deeply personal and one I have nurtured from its inception: Five Days to Shine: Inclusive Theater Workshop for Young Adults. This unique initiative will take place this winter at Théâtre Monnot, a space that has always represented the idea of dialogue through diversity.

Funded by the U.S. IVLP program, this project is dedicated to fifteen young Lebanese adults with cognitive disabilities. But beyond the numbers, it is a profoundly human and artistic initiative, designed to offer them a platform to express themselves fully, discover their potential, and most importantly, be seen and heard in a different way.

Five Days to Shine is founded on a clear vision: inclusion through art. Through workshops led by me and visited by professional theater practitioners, these young individuals will participate in a variety of activities, including improvisation, singing, dancing, and scene study. Every moment of these five days is carefully crafted to help them explore their emotions, build self-confidence, and develop essential skills for social growth.

But this project extends beyond the stage. Alongside the workshops, this blog will document their journey, amplifying their voices and showcasing their talents. This journal will not just be a testimony; it will serve as a tool to raise broader awareness about the importance of inclusion.

Goals Grounded in Reality

  1. Restoring Confidence Through Theater
    The workshop will create a safe and inspiring environment where each participant can develop their creativity and communication skills.

  2. Raising Awareness About Inclusion
    By placing these young individuals at the heart of the story, the project challenges stereotypes and opens the door to a more inclusive society.

  3. Strengthening Social Bonds
    Through this immersive experience, participants will learn to build relationships with their families and communities, making it easier for them to integrate into various environments.

A Project That Reflects Who I Am

Five Days to Shine is more than just a workshop. It is an extension of my beliefs and my commitment to a culture that includes, values, and celebrates every individual. If this project can inspire, touch hearts, and perhaps even change perceptions, then it will have achieved its purpose.

This January, when these young individuals take the stage and light up the theater with their energy and authenticity, I hope many of you will be there to applaud and support this beautiful human adventure.

See you soon at the Théâtre!

Josyane Boulos

samedi 9 novembre 2024

Le Drone de Mierda - Journal de Guerre 09 - 11 - 2024

 



(AI English translation below) 

 À Beyrouth, notre ciel a son VVIP : le drone MK israélien ! Toujours fidèle au poste, vrombissant sans arrêt - à croire il se promène au-dessus de nos têtes comme un voisin hypercurieux. Ici, on n’a pas résisté à lui donner des petits surnoms bien de chez nous : Em Kamel, Vroom Vroom, John Le Drone, et pour les plus inspirés, « Yel3an Abouk. » 

 Je l’imagine s’invitant carrément dans nos cuisines. Il plane, sarcastique, et semble nous susurrer : « J’ai déjà volé la recette du Hommos, c’est au tour de la Arnabieh. Hahaha» Sors de ma cuisine connard ! Ma facharet. 

 À l’approche de Noël, il pourrait se prendre le Père Noël, faire une entorse à la Hanukkah ! Il prend des notes sur qui a fait la vaisselle, qui a ignoré l’appel de sa grand-mère, qui a osé piquer la dernière part de gâteau, et surtout qui a trompé qui avec qui... « I know What You did Last Summer ! » C’est qu’il connaît toutes nos bêtises, ce drone ! Il surveille comme une nounou invisible, prêt à dénoncer quiconque. « Just checking who’s naughty who’s nice, Le P’tit Drone is coming to town ! » Lek Ya Drone de Mierda (le surnom que je lui donne!) essaye au mois de m’aider ! Où est le couvercle du Tupperware disparu depuis des mois ? et cette chaussette célibataire qui jouait à cache-cache ? Je suis certaine que j’ai mis la paire entière dans la machine à laver. Ya drone de mierda garde un œil sur mes mystères domestiques. Sérieusement, un petit rapport hebdomadaire ne serait pas de refus, histoire d’en finir avec ces quêtes sans fin pour les clés égarées, les cuillères fantômes, le téléphone qui disparait juste au moment de sortir, dis-moi que mes lunettes sont sur ma tête alors que j’ai cherché partout… C’est mieux non que de planifier de tuer des êtres humains ? 

 Ce drone de mierda, c’est un peu le colocataire indésirable, ou la belle-mère venue pour trois jours et installée depuis cinq semaines. Et qui sait, peut-être qu’un jour il descendra, nous lâchant quelques conseils de rangement ou, avec ce ton faussement bienveillant : « Tiens, tu as oublié d’acheter du lait. » Tiens, je vais plutôt mettre du lait dans ton moteur histoire que tu nous foutes la paix 

 Imaginez ! Il pourrait bien se mêler de nos rendez-vous amoureux : « Sérieux, ce parfum ? Tu sais qu’il est déjà en retard de vingt minutes ? » Ou bien nous rappeler qu’on a négligé les poubelles : « Ça commence à sentir au troisième étage, on fait quoi ? » Ou pire… Qu’il prenne en main nos régimes ! Il s’immisce au-dessus de nos assiettes pour commenter d’un ton sec : « Ce deuxième burger, est-ce vraiment nécessaire ? » ... Tiens à coup sûr je maigrirais rien que pour me débarrasser de lui et son bourdonnement insupportable! 

 Dans la foulée, il pourrait se reconvertir en coach de vie, façon motivational speaker à deux sous : « Et si tu te remettais au sport ? Ça fait trois heures que je te vois collée au canapé. » Ou pourquoi pas en conseiller déco : « Ce mur beige, sérieusement ? Et si on mettait un peu de couleur dans cette vie ? » 

Franchement, avec le temps, on finirait presque par croire qu’il pourrait nous rendre service. Peut-être qu’un jour on l’entendra, d’un ton faussement bienveillant : « Allez, il est temps d’appeler ta mère, elle a laissé trois missed call. 

Josyane Boulos 

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In Beirut, our sky has its VVIP: the Israeli MK drone! Always on duty, it hovers over us like an ultra-nosy neighbor. Here, we couldn't resist giving it a few homegrown nicknames: Em Kamel, Vroom Vroom, John the Drone, and for the extra creative, “Yel3an Abouk.” I can just imagine it inviting itself into our kitchens. It hovers, sarcastic, whispering, “I’ve already stolen the hummus recipe, now it’s time for the Arnabieh. Hahaha.” Get out of my kitchen, you jerk! Not today.

As Christmas approaches, it could easily play Santa, take a little break from Hanukkah! It keeps tabs on who’s done the dishes, who ignored their grandmother’s call, who snagged the last piece of cake, and of course, who’s cheated on who… “I know what you did last summer!” This drone knows all our antics! It watches over us like some invisible nanny, ready to report anyone’s wrongdoings. “Just checking who’s naughty and who’s nice, Le P’tit Drone is coming to town!”

Hey, Ya Drone de Mierda (my own nickname for it), at least try to help me out! Where’s the lid to my Tupperware that’s been missing for months? And that single sock that’s playing hide-and-seek? I’m sure I put both of them in the washing machine. This *drone de mierda* could at least keep an eye on my domestic mysteries. Seriously, a weekly report wouldn’t hurt, just to put an end to these endless hunts for missing keys, phantom spoons, the phone that vanishes right when I’m heading out, or tell me my glasses are on my head while I’ve been searching everywhere... Isn’t that better than planning to kill people?

This *drone de mierda* is like the unwanted roommate or the mother-in-law who came for three days and has now been here five weeks. And who knows, maybe one day it’ll descend, dropping us some organizing tips or, in that same fake helpful tone: “By the way, you forgot to buy milk.” Fine, I’ll put milk in your engine so you’ll finally leave us alone.

Imagine! It might even meddle in our love lives: “Seriously, that perfume? Your date is already twenty minutes late, you know.” Or remind us we forgot to take out the trash: “It’s starting to smell up to the third floor, so what’s the plan?”

Or worse… it could start controlling our diets! Hovering over our plates to comment in a dry tone, “That second burger, is it really necessary?” … Honestly, I might lose weight just to get rid of him and his unbearable buzzing!

In the meantime, it could reinvent itself as a life coach, like a bargain-basement motivational speaker: “How about you get back to the gym? I’ve been watching you glued to that couch for three hours.” Or maybe as a home décor advisor: “This beige wall, seriously? How about we add a bit of color to your life?”

Honestly, over time, we’d almost start thinking it could be helpful. Maybe one day, we’ll hear it in that mockingly gentle voice: “Come on, it’s time to call your mom, she left three missed calls.”

Josyane Boulos 

jeudi 7 novembre 2024

Journal de Guerre 7 novembre 2024


Un village entièrement rasé au Liban Sud 

Lorsque l’armée israélienne a totalement rasé 29 villages du Sud Liban, c’est plus qu’un simple territoire qui s’est effondré sous les bombes. Au Sud Liban quarante mille foyers réduits à néant, comme si les murs et les toits n’étaient rien de plus que de la poussière à disperser au gré des vents de guerre. Ce sont les champs d’oliviers, ces arbres anciens qui portent la mémoire des familles et des générations, qui ont été ravagés. Le Sud porte sa fierté dans ces oliviers, ces racines profondes, et les voir brûler est une blessure que les mots peinent à contenir. Je pense à ces habitants qui, pour sauver leurs vies, ont dû abandonner tout ce qu’ils avaient bâti. Ils fuient, sans rien pouvoir emporter, comme des bêtes traquées par le feu, avec l’espoir à peine suspendu à leurs cœurs de retrouver un jour leurs terres et leurs souvenirs intacts. Ce déchirement va bien au-delà des pertes matérielles : c’est le saccage d’un monde, d’une culture, de chaque instant passé à bâtir, à aimer, à cultiver ces terres. Et pendant ce temps, le silence du monde retentit comme un second acte de violence. Les États occidentaux continuent, comme par automatisme ou par choix, à fournir des aides et des armes au gouvernement extrémiste et impitoyable de Netanyahu, ne voyant pas les vies qu’ils déchirent, ne mesurant pas les souvenirs et les espérances qu’ils piétinent. Ce silence est un cri étouffé. Pour ceux qui ont tout perdu, pour ceux qui se relèveront peut-être un jour sur ces ruines, l'injustice est vive, douloureuse. Et moi, je me demande combien de voix il faudra, combien de larmes, combien de vies pour que le monde ouvre enfin les yeux et mette un terme à ce cycle insupportable d'oppression et de destruction.

 Josyane Boulos 


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 When the Israeli army completely wiped out 29 villages in southern Lebanon, it was more than just land reduced to rubble under bombs. In southern Lebanon, forty thousand homes were destroyed, as if walls and roofs were nothing more than dust scattered by the winds of war. These olive groves, these ancient trees that carry the memory of families and generations, were devastated. The South takes pride in these olive trees, their deep roots, and watching them burn is a wound that words can barely contain. I think of those residents who, to save their lives, had to abandon everything they had built. They fled, unable to take anything, like animals driven from a fire, with hope barely clinging to their hearts that one day they might return to their lands and memories intact. This loss goes far beyond material destruction: it is the dismantling of a world, a culture, every moment spent building, loving, and cultivating these lands. And all the while, the world’s silence rings out like a second act of violence. Western states continue, seemingly by routine or choice, to provide aid and weapons to Netanyahu’s extreme and ruthless government, without seeing the lives they are shattering, without measuring the memories and hopes they trample. This silence is a stifled cry. For those who have lost everything, for those who may one day rebuild on these ruins, the injustice is raw and painful. And I wonder how many voices it will take, how many tears, how many lives, before the world finally opens its eyes and puts an end to this unbearable cycle of oppression and destruction. — Josyane Boulos

mardi 5 novembre 2024

Interview en temps de Guerre - Ici Beyrouth

 





Théâtre Le Monnot: une force de proposition en temps incertains



Le théâtre Le Monnot a récemment réuni les acteurs culturels du Liban pour une série de rencontres en pleine période d’instabilité et de crise. L'objectif: trouver des solutions et nourrir des idées pour renforcer le secteur culturel. Josyane Boulos, directrice du théâtre, a partagé avec Ici Beyrouth la vision qui s’est dessinée à l’issue de ces échanges.

Sous la direction de Josyane Boulos, acteurs, metteurs en scène et créateurs se sont réunis au théâtre Le Monnot pour entamer une série de rencontres réflexives sur l’avenir culturel du pays et explorer des pistes d’actions concrètes. Ces échanges ont offert un espace de soutien, d’écoute et de partage pour la communauté artistique et le public du théâtre. Josyane Boulos y a évoqué les premières réflexions et pistes de solutions.

Comment est née l’idée de cette rencontre? 

En ces temps d’incertitude, ces discussions sont indispensables pour préserver et renforcer notre secteur. Le théâtre au Liban, face aux multiples crises, a besoin d'espaces de réflexion et de solidarité pour maintenir sa résilience. Nous avons partagé des idées pour faire en sorte que notre travail reste pertinent et adapté aux besoins de notre communauté.

Pensez-vous que cette initiative puisse s’inscrire dans la durée? 

Le contexte reste difficile, et l'incertitude perdurera. Cependant, nous sommes résolus à poursuivre cette dynamique, en créant des programmes, des ateliers et des productions qui inspirent, apportent espoir et renforcent la cohésion de notre communauté.

Qui a participé à cette première rencontre?

Quatre rencontres ont été organisées, rassemblant près de 60 participants: l’équipe du théâtre Le Monnot, des acteurs, metteurs en scène, et divers créateurs engagés dans la scène culturelle locale. Chaque participant a apporté une perspective unique sur les défis actuels et les moyens d’envisager l’avenir.

Quelles conclusions en tirez-vous?

L’adaptabilité et la créativité sont nos atouts majeurs. Ces discussions ont débouché sur des pistes pour élaborer des spectacles et des programmes en adéquation avec le contexte local, tout en attirant un public diversifié. Il est maintenant temps de transformer ces réflexions en actions concrètes pour redynamiser notre secteur. Nous avons déjà lancé un sondage pour mieux cerner les attentes du public du théâtre et une campagne en ligne pour rappeler l'importance du théâtre en période de crise.

Quel avenir envisagez-vous pour le théâtre dans ces circonstances? 

Même dans l'adversité, nous restons optimistes quant au rôle du théâtre Le Monnot. Nous aspirons à en faire un pilier de transformation et d'inspiration. Le théâtre peut devenir un lieu où les voix de la société résonnent, où des conversations essentielles prennent vie, et où le public trouve un refuge d’espoir et de résilience.



Interview en Temps de Guerre - Orient Le Jour

 



Programmes novateurs, ateliers...au théâtre Monnot, du sur-mesure pour museler la guerre

Sous la houlette de sa directrice Josyane Boulos, l’institution théâtrale a abrité une série de réunions visant à créer des activités à budget réduit pour répondre à la situation que le pays traverse.