(AI english translation below)
Des voitures visées en plein sur une autoroute, des immeubles qui s’effondrent à distance sans toucher le bâtiment d’à côté, un drone de surveillance omniprésent dans le ciel du Liban… Ces derniers mois, la guerre menée par Israël contre le Liban a pris un tournant glacial, un tournant technologique qui en rend la brutalité encore plus frappante. Ces drones, contrôlés de loin, frappent des zones civiles et militaires sans qu’un seul soldat ne soit sur le terrain. Derrière ces machines, on imagine de jeunes soldats, pour qui la guerre se déroule désormais comme un jeu vidéo, à distance, avec une étrange protection face aux répercussions humaines de leurs actes. Ça me fait réfléchir… Que reste-t-il de l’empathie ou du discernement quand la violence devient aussi « facile » et détachée ?
Les jeux vidéo violents, réalistes, pourraient-ils transformer notre rapport à la souffrance et à la violence ? Ne risquent-ils pas de rendre banale la douleur des autres, brouillant nos repères entre le bien et le mal ?
Les images de violence sont partout dans ces jeux ; elles deviennent familières, presque banales. Gagner, souvent par la force, renforce vite l’idée que la violence est une manière normale d’obtenir ce que l’on veut. À force, ce geste devient presque automatique, détaché de la réalité et de ses conséquences humaines. Des études montrent que l’exposition à ces images peut atténuer la réaction émotionnelle face à la vraie violence. Au lieu du choc ou de la compassion, c’est l’habitude qui prend le dessus, comme si une partie de notre sensibilité s’érodait.
Un autre point qui m’inquiète, c’est cette désensibilisation face à la souffrance des autres. Dans ces mondes virtuels, les personnages blessés ou tués sont remplacés aussitôt, sans émotion ni réaction du joueur. La douleur des autres devient secondaire, presque invisible. Et quand la souffrance humaine devient juste un « mécanisme de jeu », comment croire que cela n’aura aucune répercussion sur la façon dont ces jeunes réagiront à la souffrance dans le monde réel ?
Il y a aussi la question de la déshumanisation. Dans certains jeux, les adversaires ne sont que des cibles à abattre, sans aucune humanité. À force de voir et de reproduire ce schéma, on peut craindre que cette vision se transfère, même inconsciemment, dans la vie réelle, surtout vis-à-vis de ceux qui semblent différents. Cela pourrait influencer profondément la manière dont ces jeunes voient les autres, les réduisant à des « ennemis » plutôt qu’à des personnes.
Ces jeux présentent souvent des situations moralement floues, où les héros sont des anti-héros, des personnages à la morale douteuse qui sont récompensés pour des actes de vengeance ou d’égoïsme. Cette confusion peut rendre difficile la construction d’une éthique claire. Sans un contrepoids venant de la famille ou de l’éducation, ces jeunes risquent de faire leur chemin avec une morale qui valorise la force et la revanche, au détriment de valeurs plus humaines.
Alors oui, je pense qu’il est crucial que les parents, les enseignants, et même les créateurs de jeux soient conscients de cette influence. Il faut qu’on aide les jeunes à naviguer dans ces mondes virtuels tout en restant connectés aux valeurs humaines. Mettre en place un cadre critique pour comprendre ces univers numériques pourrait, je l’espère, préserver leur capacité de discernement et d’empathie.
Josyane Boulos
Cars targeted directly on the highway, buildings collapsing from a distance without touching the neighboring structures, a surveillance drone omnipresent in Lebanon’s sky… In recent months, the war waged by Israel against Lebanon has taken a chilling turn, a technological turn that makes its brutality even more striking. These drones, remotely controlled, strike both civilian and military areas without a single soldier on the ground. Behind these machines, one imagines young soldiers, for whom war now unfolds like a video game, at a distance, with an unsettling protection from the human repercussions of their actions. It makes me wonder… What remains of empathy or judgment when violence becomes so "easy" and detached?
Can violent, realistic video games transform our relationship to suffering and violence? Could they risk trivializing the pain of others, blurring our understanding of right and wrong?
Violent images are everywhere in these games; they become familiar, almost ordinary. Winning, often through force, quickly reinforces the idea that violence is a normal way to get what you want. Over time, this gesture becomes nearly automatic, detached from reality and its human consequences. Studies show that exposure to these images can dull emotional responses to real violence. Instead of shock or compassion, habit takes over, as if a part of our sensitivity is being eroded.
Another point that worries me is this desensitization to the suffering of others. In these virtual worlds, injured or killed characters are replaced instantly, without emotion or reaction from the player. The pain of others becomes secondary, almost invisible. And when human suffering is just a "game mechanism," how can we believe it will have no effect on how these young people react to suffering in the real world?
Then there’s the question of dehumanization. In certain games, opponents are merely targets to be eliminated, devoid of any humanity. Constant exposure to this pattern might, even subconsciously, transfer into real life, especially toward those perceived as different. This could profoundly shape how these young people view others, reducing them to "enemies" rather than people.
These games often present morally ambiguous situations, where heroes are anti-heroes, characters with questionable morals rewarded for acts of vengeance or selfishness. This ambiguity can complicate the formation of a clear ethical compass. Without a counterbalance from family or education, these young people risk navigating life with a morality that values strength and revenge over more humane virtues.
So yes, I believe it’s crucial for parents, educators, and even game creators to be aware of this influence. We must help young people navigate these virtual worlds while staying grounded in human values. Establishing a critical framework for understanding these digital universes could, I hope, preserve their capacity for empathy and discernment.
Josyane Boulos