L’été dernier j’ai eu la chance d’être invitée par la municipalité de Qaa pour organiser leur festival de la fête de la Vierge.
Je ne connaissais pas ce village. Je ne savais même pas où il se situait. J’ai du consulter Google Earth ! C’est un petit bled perdu près de la frontière syrienne.
« Tu es folle d’accepter ! C’est près de Ersal ! ». Mais comme je suis vraiment folle, je n’ai pas hésité une seconde. Et comme j’ai bien fait! Avec deux membres de mon équipe, nous avons sillonné les routes de la Bekaa pour arriver au bout de 3 heures à Qaa où nous attendait, Charbel, un adorable jeune homme de 18 ans qui nous a servi de guide et d’assistant et que le hasard avait mis sur mon chemin quelques semaines auparavant. Les parents de Charbel, Margot et Saadallah, que je n’avais jamais rencontrés auparavant, avait tellement insisté pour nous loger que finalement mes collègues ont dormi chez eux et moi à l’hôtel à deux pas. La veille, Charbel m’avait dit « Maman insiste que vous preniez tous vos repas chez nous » « Charbel, tu es adorable mais je ne connais pas tes parents », « Maman insiste ». Voulant être polie, je lui dit « d’accord on dinera chez vous le premier soir.»
Arrivée chez Margot, j’ai été accueillie comme si j’avais toujours été un membre de la famille. Ce soir-là, nous nous sommes mis à table à 21h, sur la terrasse sous la vigne… pour n’en sortir que le surlendemain… à peine finissions-nous les préparatifs du festival, qu’on accourait à la table de Margot… On était bien chez Margot. On était bien à Qaa. Margot est une cuisinière hors pair… Je n’oublie pas son Tabboulé à la mélasse de grenade, son kechek à tomber par terre (moi qui n’en mange pas, je me suis servie 3 fois..), ses fatayers à la baklé jouissifs (sérieusement jouissifs !) , les truites saumonées du Assi grillées à 2 heures du matin après le festival, le fromage baladé fait maison que nous avons dévoré par kg, les kabiss d’aubergines spécialités de la région… et j’en passe. Et les figues du jardin ! Les figues du jardin cueillies par Saadallah ! Littéralement les meilleures du monde. Dans cette maison simple au grand cœur nous avons mangé comme des rois. Dans ce village authentique, simple, reculé, nous avons voulu rester. Nous avons rencontré des villageois éduqués, avec de grands rêves et une soif de vie. L’air y était pur, la nature généreuse, et les enfants joyeux.
Et ce matin du 27 juin, cette nuit du 27 juin, 8 attentats terroristes. Dans ces rues que nous avions arpentés en riant, dans ces boutiques ou nous avions passées, ce café ou nous avions diné, l’église où nous avions prié.
On n’a pas le droit de bombarder les coins de Paradis. On ne peut pas mourir violemment là où il fait bon vivre.
Aujourd’hui, plus que jamais je suis Qaa.
Josyane Boulos
Josyane Boulos
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