mardi 17 mars 2015

LA CALL-GIRL, L'ARISTOCRATE ET LA FEMME VOILEE

Toile de Brigitte du Merac

Sur le Boulevard du Monde, quelque part là-bas, 3 femmes se rencontrent dans un café. Une call-girl très anglophone, une aristocrate très francophone et une femme voilée très arabophone. Les trois femmes étaient riches. La call-girl s'était enrichie à la sueur…disons de son front à force de conquérir des hommes, l'aristocrate par héritage et la femme voilée grâce au pétrole. Elles étaient là à discuter de choses et d'autres, de la mode, de la cuisine et de la paix dans le monde.

La call-girl :  Dites, qui pensez vous gagnera l'Oscar du meilleur film cette année?
L'aristocrate: Tu vis où toi? Tu ne vois pas ce qui se passe dans le monde? Qui se fiche des oscars quand des centaines d'enfants peuvent mourir?  
La call-girl:  Oh! Tu sais au moment des oscars, la guerre sera finie et une nouvelle démocratie verra le jour
La femme voilée:  Ah bon? Et tu y crois toi? Cite-moi une guerre qui a instaurée une démocratie.
La call-girl: Euh… je ne sais pas, mais tu verras ce sera une guerre propre
L'aristocrate: Ce sera une guerre propre? Parce que tout le monde s'en lavera les mains aprés?
La call-girl: Mais non, tu verras, ce sera mieux, toute cette région pourra enfin vivre comme nous.
La femme voilée: Mais je n'ai aucune envie de vivre comme toi, moi. J'ai mes traditions, ma culture et j'en suis fière.
L'aristocrate, s'adressant à la call-girl: Et les droits de l'homme tu en fais quoi? La liberté de choisir sa façon de vivre?
La call-girl: Les quoi?
L'aristocrate: Tu sais ce concept crée il y a quelques siècles et que les Nations Unies défendent
La call-girl: Les Nations qui?
La femme voilée:  Il n' y a pas de plus sourd que celui qui ne veut pas entendre.
La call-girl: De toutes façons, chez nous on ne risque rien, c'est ma psychanalyste qui m'a dit qu'il ne faut pas que je me fasses du souci, que je continue ma routine, que je ne pense pas qu'il y a partout des fous qui vont commettre des actes terroristes contre moi, que j'ai plus de chance d'avoir un accident de voiture que de mourir dans un acte terroriste
L'aristocrate, ironique: C'est vrai, tu es vraiment trés chanceuse!
La femme voilée:  Tu as pensé à la peur et aux horreurs que vont vivre les victimes civils de cette guerre?
La call-girl: Les armes modernes sont tellement sophistiquées que seuls les méchants seront atteints.
L'aristocrate: Mon Dieu, ce que tu es niaise. Et qui te racontes ces histoires qu'il n' y aura pas de victimes innocentes?
La call-girl: Ben, les médias bien sûr
La femme voilée:  CNN et Fox Tv quoi?
La call-girl:  Bien sûr, pourquoi il y en a d'autres?
L'aristocrate:  Dis-moi, Call-girl, tu ne trouves pas que tout ça est un peu trop mis en scène, on dirait un film hollywoodien, avec les musiques, les beaux soldats, les discours larmoyants, les images clean.
La call-girl: Mais je pensais que c'était un film!

La femme voilée: Et bien ma Chérie, tu l'as ton gagnant aux Oscars!

Josyane Boulos

mercredi 4 mars 2015

LE 50ème VOYAGE... HOMMAGE A JCB, MON PERE.

Jean-Claude Boulos


“Seul!"
C'est le dernier mot que j'ai entendu de mon père qui refusait de l'aide pour accomplir une petite tâche. Grand jusqu’au bout.
Quelques heures plus tard,  juste après minuit, je recevais le coup de fil fatidique...
Le lendemain, j’avais écrit et lu ce texte en clôture de ses funérailles.

A PAPA,
Lu en clôture de la messe de funérailles le 5-03-12

Depuis quelques jours déjà cet hommage trotte dans ma tête. Depuis que les médecins nous ont avertit que la santé de papa s’était détériorée,  je l’ai écrit dans ma tête. Je pensais que je l’avais cet hommage. Et puis Papa est parti. Et un flot d’amour nous a envahit, maman, mon frère, ma sœur, nos enfants et toute la famille. Un amour incommensurable. Qui m’ont fait comprendre que Papa n’était pas juste pour nous. Papa c’est aussi Jean-Claude Boulos. Un géant. Je pensais, peut-être naïvement que nous les 3 enfants et puis les 6 petits-enfants, avions le privilège immense et unique de nous épanouir à son ombre. Après son départ, je me suis rendue compte que papa ne nous appartenait pas. Et que des milliers s’étaient épanouis sous son ombre. Des étudiants, des collègues, des spectateurs et bien sur des amis. Les messages qui nous sont arrivés par tous les moyens technologiques modernes nous ont prouvé, même si nous n’en avions pas besoin, qu’être la progéniture de ce géant était un cadeau du ciel, une chance inouïe. Il nous a donné plus que de l’amour. Il nous a accompagné. Montré le chemin, ouvert les voies, encouragé et nous a appris le véritable sens du mot Liberté, tout en restant un homme humble et d’une profonde humanité.

Depuis hier, Le Liban est orphelin d'une de ses plus belles âmes. C’est une intelligence vive, un humour irrésistible, une culture sans frontières,  et un coeur en or qui nous quitte.

Papa a visité 49 pays différents. Son désir ces dernières années était d’ajouter une 50ème destination. La voilà. Un voyage vers l’inconnu, peut-être le plus formidable des voyages puisque personne n’en revient. Il s’en est allé faire la fête, inventer des jeux de mots et amuser tout le Paradis qui a bien de la chance aujourd’hui.

C’est beau une vie comme celle de Jicébé. Une vie remplie jusqu’à la dernière minute qui laisse un souvenir indélébile. Une vie où on ne regrette rien puisqu’on a accomplit ce qu’on voulait et qu’on part la tête haute, la conscience tranquille.

Je sais que ce n’est pas coutume- il n’a jamais rien fait comme les autres- mais je sais aussi que ce que je vais vous demander fera de lui le plus heureux des hommes. Ce serait formidable – un adjectif qu’il adorait – qu’il parte sous vos applaudissements, une standing ovation en hommage à cet amoureux de la scène, à ce géant.

Josyane Boulos