samedi 24 août 2013

LA PAIX N'EST PAS UNE HONTE



J'habite un rez-de- jardin.
J’écris toujours assise à mon bureau, juste sous la fenêtre. De temps en temps, quand je travaille, écris des mails ou tchatche avec mes amis à l'étranger, je lève les yeux et c'est toujours un plaisir de voir des oiseaux de toute sorte profiter des arbres de mon tout petit jardin.

Ca faisait un moment que je ne les voyais plus. Mais cet après-midi, ils m'ont sauté aux yeux. Les traces de l'obus qui avait explosé dans mon jardin et dont les éclats ont traversé ma chair et celle du père de mes enfants.
Ils sont toujours là ces éclats, bien enfoncés dans le béton et dans la chair. Et il y en a encore partout, dans chaque maison libanaise du Sud au Nord. Ces éclats datent de 1991… et depuis rien n’a changé. Nous avons construit des routes, des tours, des restaurants de luxe, des hopitaux… mais nous avons oublié de reconstruire l’Homme.

JE PLEURE. MES LARMES COULENT SANS ARRET. Je suis triste. Pour la millionième fois, les médias ont montré le visage « civilisé » du Liban. Et pourtant nous ne sommes pas tous des barbares. Nous ne sommes pas des terroristes.

COMMENT, COMMENT, COMMENT PEUT-ON ENCORE APPLAUDIR À LA GUERRE?
COMMENT PEUT-ON ENCORE DONNER DES EXCUSES A CEUX QUI PORTENT DES ARMES?

Il est plus que tant de laisser le bon vaincre le mauvais. Il est plus que tant que la majorité silencieuse fasse du bruit. BEAUCOUP de bruit. De n’importe quelle façon. Il faut continuer à se faire entendre…C’est vital ! Parce que, depuis des années, des fous sanguinaires, mégalomanes assoiffés de vengeance nous dirigent droit vers l’enfer. Parce que Aoun hait Geagea et Hariri, parce que Hariri déteste Nasrallah, parce que Joumblatt ne supporte pas Wahab, parce que Frangieh a horreur de Geagea, Assir veut la tête de Nasrallah…la liste est longue… et parce que chacun veut anéantir l’autre, ils nous conduisent droit vers l’enfer. Et nous nous laissons faire. Stoïques. Indifférents. «Habitués ». Quelle horreur que d’être « habitués » à la violence.
Et nous, peuple « belrou7beldamiste », avons crée des assises populaires à ces monstres qui n’ont jamais eu en tête que leurs réussite personnelles, leur désir de pouvoir et de plaire au plus fort qu’eux.
Et voilà où nous en sommes. Pour imposer une loi, fausse, vraie ou la meilleure, on prend les armes. On tue, on brûle, on dévalise. Et ça peut recommencer à tout moment. D’un côté comme de l’autre.
Et des jeunes qui n’ont pas souffert de la guerre des 15 ans (la première…) klaxonnent et pavoisent dans la rue. Nous n’avons plus de tolérance, nous n’avons plus de limites, nous sommes menés par notre fanatisme aveugle, religieux ou politique. 
Je ne sais pas lequel d’entre vous se retrouve dans ce Liban là.
Pas moi.
LA PAIX N'EST PAS UNE HONTE. ACCEPTER LA PAIX EST LA PLUS BELLE FORME DE COURAGE.
Et nous en sommes TOUS responsables.

jeudi 22 août 2013

BRUSHING, BIGOUDIS ET TRALALA.

Photo J.Boulos

           

Hier chez mon coiffeur, j’ai rencontré la Castafiore. La vraie. Celle qui a inspire Hergé. Le même nez, les mêmes cheveux. La tenue à peine différente. A chaque fois qu’elle appelait “Hanaaaaane” pour lui demander un verre d’eau, un café ou autre, j’entendais “Irmaaaaaa”. J’espérais – priait même- qu’elle entonnerait l’air des bijoux. Ardemment. J’aurais filmé et posté sur Youtube. Mais non. La Castafiore s’est contenté de contribuer sans complexes à la propagation des rumeurs les plus diverses.
Parce que les rumeurs naissent-aussi-, chez le coiffeur les : “tu sais ce qu’on a vu la fille des Khoury au Sky avec le fils Haddad alors qu’elle est fiancée à Karim ?” et les “Yii, j’ai entendu que la fille de ta voisine “parlait” avec le jeune Fadi, c’est vrai?”, fusent et chacune y va de son petit commentaire qui après le brushing deviendra parole d’évangile. Et quand ce ne sont pas les dames qui papotent, les garçons-coiffeurs se mettent de la partie et ne manquent pas de vous rapporter ce qu’ils ont entendu par la bouche de la cliente précédente. “Vous avez su que le garde du corps du ministre a fait un accident avec Mme L.? Et qu’il n’a même pas voulu lui payer?”  Et moi j’y vais de mon hypocrite: “Noon, ce n’est pas possible! Yaay quel pays! Si ça continue comme ça on va à notre perte.”

Quand je vais chez le coiffeur, c’est souvent à la dernière minute, entre deux rendez-vous,  en jeans et T-shirt ou en chemise et pantalon, une tenue très sport dans laquelle je suis à l’aise et avec laquelle je ne risque pas une crise cardiaque si une goutte de teinture, de crème ou d’huile venait malencontreusement atterrir sur mes épaules. Mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. Pour certaines, la visite chez le coiffeur équivaut à la sortie du dimanche, dans ce qu’elle avait d’exceptionnelle au début du 20ème siècle. D’ailleurs, elles mettent la tenue pour. Vous avez sûrement dans votre environnement coiffeur: une adepte du cuir moulant blanc à appliques dorées, une inconditionnelle du caleçon léopard- talons aiguilles, une femme aux lèvres collagénées peintes en mauve ou noir, une blonde décolorée à outrance, une septuagénaire qui veut absolument faire quadragénaire.
Et en attendant mon tour, et pour ne pas être traitée de snob prétentieuse, je fais la conversation. C’est très enrichissant. Sans elles, sans ses dames qui mémorisent “Al Chabaka” et “Mondanités”, jamais je n’aurais su que Haifa s’était mariée, puis a divorcé, que Najwa en était à sa 5ème intervention chirurgicale esthétique, que la femme de Ragheb s’était lancé dans la bijouterie, et que Magida, Elissa et Setrida avait suscité la colère de l’empereur Michel. Je dormirais moins bête…
C’est aussi grâce à elles que vous êtes à jour côté télé et que vous savez ce qui est arrivé au femmes du Sultan, à Anthony Touma, à «Ghanoujet baya » (la chérie de son papa), comment réagit la pauvre Cassandra (ou Térésa, ou Maria-Céleste, ou vous ne savez plus quelle mexicaine ou turque) aux complots de sa belle-mère, et quelle bagarre a opposé les invités de Marcel ou ceux de vous ne savez plus qui. Ce soir au diner vous n’aurez pas l’air d’une gourde.
Chez votre coiffeur, il y a toujours les éternelles insatisfaites, celles à qui rien ne plait et qui se font refaire 10 fois la frange alors que vous êtes là toute bête à voir vos cheveux sécher. Parce que vous vous attendez patiemment en faisant un petit geste poli de temps en temps, juste pour rappeler votre présence. C’est que vous ne voulez pas du tout ressembler aux furies qui rouspètent à (très) haute voix que ça fait des heures qu’elles sont là et que si ça continue elles iront autre part (sauf qu’elles ne le feront jamais, on divorce très difficilement de son coiffeur). Surtout qu’à plusieurs reprises vous avez surpris les regards discrets mais goguenards que s’échangeaient les employés du salon. Eternelle insatisfaite aussi celle qui pique une crise de nerfs parce que la couleur  de la teinture est moins ou plus rousse qu’elle ne le voulait et qui vocifère et invective le malheureux figaro qui lui promet et jure par sa mère, son père et les cendres de sa grand-mère que la couleur changera au premier shampooing et que si elle n’est toujours pas contente c’est “avec ses yeux” qu’il lui refera la couleur, tout en lui assurant et prenant à témoin toutes les présentes que cette teinte lui va à merveille, “qu’elle a été crée pour elle”. Et si ce n’est pas la couleur, c’est la coupe qui est trop courte ou pas exactement comme sur la photo, photo que la dame brandit en disant “je t’ai dit que je la voulais exactement comme ça”
“Mais Yaaa Madâme, sur la photo, le mannequin a une permanente (ou le cheveux fins ou épais, ou n’importe quoi)”, “Non, Non, vraiment Joe, ils ne sont pas beaux” alors que le pauvre vient de passer 20 mn à se débattre avec la tignasse de sa “victime” qui n’arrêtait pas de donner son avis (plus court ici, moins ici…) pendant toute la session. C’est cruel. C’est comme si après que vous ayez passé 1 heure à préparer un plat, on vous dit: « c’est dégeulasse. » Pas facile à digérer!!
Et comme vous êtes toujours discrète et souriante, votre coiffeur vous considère comme une femme “ bien et de bonne famille” et prend un plaisir fou à vous montrer l’album de ses dernières créations et ses photos dans les revues. Ça vous flatte et donc vous l’aimez bien votre coiffeur, surtout quand il vous réussit une coupe qui vous dispense d’aller continuellement chez lui.

mardi 13 août 2013

FACEBOOK DRAGUE




Quand nous étions gamins, nous draguions en faisant des farces au téléphone… c’était drôle, innocent. Depuis, on drague toujours avec des moyens plus modernes, plus direct. Whatsapp, Skype et surtout Facebook, l’incontournable outil, ou un simple « Like » peut parfois changer une vie !

Il y a deux ans, j’avais reçu ce message sur Facebook.
“soooo sweet & elegant & mahdoumi............
I am a Lebanese gent single living between Beirut and Dubai, now in Beirut Zalka ,senior manager in computer business.
We can be a friend on msn (..1@hotmail.com ) or on skype ( ….3 ) or on the phone more easy.....if you are looking for a polite and honest person. By the way you look so nice and elegant , maybe lucky who will be in your heart and mind .
I have a chance to be your friend ?? Maybe I am a nice person on net & in life too...
Have a nice time.
REGARDS
Je n’y ai évidemment pas fait suite, à part que je l’ai intégré à ma pièce de théâtre “Online” (Février 2012). Le type en question (un « jagal » à tomber par terre comme vous l’imaginez) m’a renvoyé exactement le même message il y a moins d’un mois. Il n’a probablement pas compris qu’il fallait changer de tactique, à moins que ca ne fonctionne avec d’autres ? Je me demande d’ailleurs quel genre d’autres peuvent succomber au charme de « polite and honest person »… S’il avait été riche et célèbre, il aurait été presque beau… Je suis méchante peut-être mais « honnête » aussi ;)

Des messages de dragues comme celui -ci, j’en reçois beaucoup.  Et je suis sûre que nous sommes nombreuses dans le même cas. J’ai eu droit à un fétichiste des orteils qui n’arrêtait pas de baver sur la couleur de mon vernis (je ne l’ai jamais rencontré mais je sentais sa bave à travers l’écran, j’avais même parfois l’impression de la voir dégouliner… beurk !) J’aurais pu le bloquer bien sûr, mais il a été, sans le savoir, mon inspiration pour un running gag, toujours dans « Online », personnage qui a eu un succès fou grâce à ses «  zamelllllllllooooo, chou 7atta vernis 3ala assabi3 ejrayké ? pleaaaaaaaase zamellllo please reddé 3alayé »*… Je lui avais répondu un jour « Pistache » sans savoir que, quelque temps après, cette couleur serait à la mode.

Ou alors lui :
“A friend is one of the nicest things you can have, and one of the best things you can be. If friends were flowers, I'd pick you. Can we be friends ... if YES add me. Plz”
Aucune envie d’être piqué monsieur. Ces approches style ado laisse facilement imaginer l’attitude du mec en question. Et pourquoi pas « J'aime 2 choses toi et la rose, la rose pour 1 jour et toi pour toujours”, puisé dans les “carnets d’autographes“ de l’école… Les ados attardés, très peu pour moi.  Sur qu’il ne manquera pas de parler de sa mère …


Ou encore :
hello
cn we be fnds
 if u wish
t c
bye

Avec toutes ses ellipses, je vois mal comment tenir une conversation qui pourrait mener à plus si affinités. Si ce monsieur n’a pas le temps d’écrire trois mots, je ne peux  imaginer que le “Bjr Mme, Mci Mme, Arvr Mme” et à l’au-revoir il est déjà dans la voiture.

Et celui-là :
"Nice pics nice smile great look. I’m 39 married for 13 years and u?"
Bon, lui au moins il annonce la couleur. « Suis libre de 5 à 7, hôtel de votre choix, bon marché de préférence.» Payé en cash pour ne pas laisser de traces. Il ne manquera pas de raconter que tout va mal depuis un moment avec sa femme, que le sexe avec elle devient routine, surtout depuis qu’ils ont des enfants. Pourquoi alors ne pas lui proposer à elle le 5 à 7 ?

Et lui qui tout simplement m’a dit « hello there, all this charm and still single? :)" … et bien il a passé le test haut la main ;)

* Beauteeeeeeeeeé , quel est la couleur de ton vernis ? s’il te plait beauteeeeeeeé réponds-moi !

lundi 12 août 2013

SCENE-ARIO DE MENAGE


           
Photo J.Boulos
J’étais invitée à un mariage samedi soir, à Ibrine dans la montagne du Batroun. Un mariage tout en simplicité et beauté, avec pour thème l’amour… qui ne rime malheureusement pas avec toujours… Pas une relation sans scènes de ménage,  ayant comme base les tracas de la vie quotidienne. Et comme on a souvent tendance à confondre le jour du mariage avec LE mariage, voici, imaginés pour vous, quelques scenarii pour disputes classiques à utiliser sans modération, avec en prime "la voix off" qui, comme au cinéma, dit tout haut ce qu'ils ou elles pensent tout bas. Pour passer rapidement de la scène de ménage à la séance de cocooning.

Les Disputes Domestiques
Lui: Il faut à tout prix que tu changes la couleur de ce canapé.
Elle: Mais il est tout neuf!
Lui: Je m'en fiche il est laid!  Je ne supporte plus cette couleur, ce soi-disant “citron pressé" à la mode. Je me demande vraiment qui te donnes ces idées.
Elle: Ca ne va pas?  C'est toi que je vais changer, j'en ai marre de ramasser tes chaussettes, tes serviettes et tout ton bataclan.
Lui: Je ne vois pas ce que ça a à voir avec le canapé? Ah la mauvaise foi des femmes!
Elle: Mauvaise foi, mon oeil, ce n'est pas ta chaussette ça sous le coussin? Je ne t'ai pas épousé pour être ta bonne.
Lui: Mais je ne t'ai jamais demandé d'être ma bonne, tu es ma femme, ma maitresse, l'élue de mon coeur!
Elle: C'est vrai mon chéri?
Lui: Bien sûr, Mon lapin (“demain, je balance le canapé ")
Elle: Hmmm, je t'aime (" la prochaine fois qu'il laisse trainer sa serviette, je balance son ordinateur”)

Les Dépenses
Lui: Tu es incroyable, tu es sortie à peine 15mn et tu reviens avec 3 chemisiers. Tu devrais te retenir un peu, ton armoire est pleine.
Elle: Ça veut dire quoi cette remarque?
Lui: Ça veut dire que tu dépenses trop.
Elle: Et voilà ça recommence, chaque fois que je me fais plaisir tu m'accuses de trop dépenser. Moi qui n'achète qu'en soldes.
Lui: Soldes ou pas soldes, tout mon argent file dans tes fringues.
Elle: Alors là! TON argent dans MES fringues, non mais tu a compté tes CD ? Et ta moto? Elle coûte combien ta moto? Et ton Safari au Kenya avec le PDG de je ne sais quoi? Vraiment, ce n'est pas un manteau neuf tous les 4 ans qui va te ruiner!
Lui: Ça va! Ça va! Arrête de crier!
Elle: Je ne crie pas, j'élève la voix, nuance!
Lui: Tu es très sexy quand tu es en colère.
Elle: C'est vrai?
Lui: Absolument  mon lapin (" elle n'a pas encore vu la nouvelle chaine stéréo" )
Elle: Hmmm, je t'aime (“s’il savait combien coûtent les chemisiers!")

En Voiture
Elle: Ralentis
Lui : Mais je ne conduis pas vite.
Elle: 120 c'est pas vite?
Lui: Mais il n'y a personne sur la route
Elle: Il y a un ravin.
Lui: S’il y a un ravin, c'est que tu as mal pris les indications et que nous sommes perdus.
Elle: J'en ai marre de tes remarques sur mon sens de l'orientation. Chaque fois c'est la même rengaine: tu confonds droite et gauche, montée et descente et gnagnagna et gnagnagna. C'est insupportable. Tu n'as qu'à les prendre toi les indications.
Lui: Tu te tais ou tu descends.
Elle: Je descends.
Lui: Tu es folle! Je ne vais pas te laisser seule dans la nuit.
Elle: Tu as peur pour moi mon chéri?
Lui: Et comment mon lapin (“quelle explication j'aurais pu donner si j'arrivais chez eux sans elle, si jamais on arrive?")
Elle: Hmm, je t'aime. (“S’il ne ralentis pas, je hurle")

La Télécommande
Elle: Mais arrête de zapper, c'est agaçant à la fin.
Lui: Il n’y a rien d'intéressant.
Elle: Evidemment, à force de zapper on ne voit rien et on ne suit rien.
Lui: Parce que Mouhannad et Dr.House et les autres gominés c'est intéressant?
Elle: C'est mieux que le foot!
Lui: Tu compares Mouhannad à Beckham? Tu es malade!
Elle: C'est toi qui est malade, à force de zapper comme ça tu va attraper la tremblote!
Lui: Tu fais des histoires à propos de rien!
Elle: Rien n'est jamais sérieux avec toi, tu fuis toujours les discussions!
Lui: C'est que je ne veux pas qu'on se dispute!
Elle: C'est vrai mon chéri?
Lui: Toujours Mon lapin, (“Il y a Barcelona-Juventus ce soir, j'espère qu'elle a envie d'un bain moussant!")
Elle: Hmm, je t'aime (“Mais qu'est ce qui l'empêche d'acheter une autre TV? " )

La Jalousie
Elle: C'est qui cette fille qui n'a pas arrêté de te coller ce soir?
Lui: Quelle fille?!
Elle: Yayy, quel hypocrite! Cette décolorée au décolleté profond.  Le même que le mien d'ailleurs mais moi tu ne me regardes jamais!
Lui: Tu n'as pas besoin que je te regarde, Nabil n'a pas arrêté de te draguer.
Elle: Tu changes toujours le sujet. On ne parlait pas de Nabil, on parlait de la décolorée.
Lui: TU parlais d'elle, pas moi. Et à propos de Nabil, je te rappelle que tu es mariée.
Elle: Parce que toi tu es célibataire? Ou bien les hommes ont tous les droits parce qu'ils font pipi debout?
Lui: C'est fou ce que tu dramatises tout. Une femme me regarde et il faut refaire le monde.
Elle: Ca me flatte qu'on s'intéresse à toi, mais il n'est pas nécessaire que tu te pâmes devant chaque sourire enjôleur.
Lui: Rassure-toi ma chérie, il n'y a que toi qui comptes.
Elle: C'est vrai Mon coeur?
Lui: Pour toujours Mon lapin (“Elle n’était pas mal du tout cette blonde”)
Elle: Hmmm je t'aime (“La prochaine fois qu'il drague une autre, je sors avec mon ex.")

                                                                                           



samedi 10 août 2013

CLUB DE VACANCES

Photo J.Boulos
 
Un texte écrit à mon retour de vacances il y a quelques années.
 
Il y a plus de mille raisons pour prendre des vacances. Et ces mille raisons j’ai eu amplement le temps de les ressasser, coincée dans les embouteillages interminables de la ville. Embouteillages qui sont d'ailleurs en tête de la liste des mobiles qui me donnent envie de fuir, et elle est longue cette liste! Camions, élections, pollution, corruption, inflation, démotivation, réceptions, rien que des rimes en “on” qui me font rêver d'avions et d'évasion. Si après 2 heures de stagnation sous un soleil de plomb, les policiers avec leurs grands gestes désordonnés prennent à mes yeux des allures de danseurs de tamouré, c'est que décidément rien ne va plus et qu'il est plus que temps de faire mes valises. 

A la première occasion, j’appelle une agence de voyage. La réponse est classique: "Tous les avions sont pleins, appelez demain, je vous débrouillerais sûrement quelque chose". A croire que tous les libanais ont en même temps décidé d'aller passer quinze jours à Knokke Le Zoote. Mais je devine bien que c'est juste un coup de marketing est censée me fidéliser à vie à cette agence qui a des “contacts” partout. Le lendemain, je retéléphone pour qu'on me dise “je suis désolé, l'ordinateur ne répond plus”. C'est fou ce que ces machines se détraquent à l'arrivée des vacances. A croire qu'on fait exprès de me faire languir pour que je mérite vraiment ces quinze jours de congés! Au bout d'une semaine de “on peut vous mettre en liste d'attente” et de “il y a bien deux places dans l'avion mais pas à l'hôtel", je change complètement de destination ... et de budget! Mais j’ai tellement souffert pour enfin trouver une solution et une porte de secours que je dis oui à tout. 
Evidemment, à la veille du départ tout semble aller de travers. Malgré ma réputation d'as de l'organisation, je suis prise de court quand j’apprends par pur hasard « qu’il faut un vaccin pour aller dans cette île », « que les aiguilleurs du ciel parisiens (je transite par CDG-Paris…) agitent leur feuilles de paie” et « que depuis cinquante ans il n'a jamais autant plu que ces 2 derniers jours sur les cocotiers de votre destination. » Le jour du départ, toutes ces nouvelles pessimistes ne m’empêche pas d'empoigner d'une main celle de mon compagnon et de l'autre ma valise, jamais assez grande et toujours trop lourde, sans oublier la médaille de Sainte Rita dans ma poche juste au cas où ... et de nous faire conduire à l'aéroport. 

Le vol est à temps et nous nous envolons, un grand sourire aux lèvres, vers notre club de vacances à l'autre bout du monde. Heureusement dans l'avion, mon voisin sent bon et ne ronfle pas. Par contre le seul bébé est derrière nous. 

En arrivant au club, tout groggy par les dix heures de vol, nous sommes accueillis par un superbe G.O ou « Gentil Organisateur » (oui, oui, c’est comme ça qu’on les appelle au Club) au bronzage parfait et à la musculature schwarzenegienne qui nous apprend qu'au club nous sommes des « G.M, gentils membres. » Ce G.O résiste sans problèmes à mes battements de cils effrénés pour faire de l'oeil à mon compagnon (bronzage parfait, musculature arnoldienne). Ma fierté féminine prenant un sacré coup, je balance brutalement ma valisette au G.O et entoure mon G.M. (Grand Mari) d'un bras de propriétaire. 
Le village de nos vacances est implanté dans un domaine de cocotiers et nous sommes immédiatement charmée. Malheureusement, on a omis à l'agence de nous avertir que « les bungalows dont l'architecture respectait les traditions de l'endroit » étaient en fait des cases du style africain ouvertes à tout vent. Nous avons souvent eu la surprise de voir un petit oiseau de toutes les couleurs entrer d'un côté pour sortir de l'autre. Même qu'un matin, le G.M (Gaillard Matinal) de la case d'à côté, en voulant porter ses pantoufles, y a découvert un mulot endormi. Pauvre mulot qui en guise de femelle ne trouva que des mules!! 
Sur la plage, avec un groupe de G.M (Grands Motivés), nous sommes décidés à essayer tous les sports nautiques. Le moniteur étant une femme, mon compagnon opte sans hésiter pour le windsurf. Et je craque immédiatement pour le look californien de l'instructeur de ski nautique. Rapidement ma couleur bronze dorée, déjà largement travaillée au Riviera, au Sporting ou au Lazy B, devient la cible des regards envieux des européens qui virent au rouge grillé. Pour eux, deux jours de bronzette c'est 2 semaines de « pelette » ! Et dire qu'à Beyrouth, les copines « bien intentionnées » me cassaient les oreilles à longueur de journée avec des remarques du genre « vraiment ça ne se voit pas que tu vas à la plage, tu es blanche comme un poulet. » Ah si seulement elles pouvaient voir le succès que remporte mon hâle, sous les tropiques! 

Si la plage est le point de rencontre des Grands Motivés, le restaurant du club est l'endroit idéal pour rencontrer les autres G.M (Grands Mangeurs). Les repas sont une occasion unique pour se faire de nouveaux amis. Autour des buffets pantagruéliques et sous l’effet du vin qui coule à flots, les langues se délient et les conversations vont bon train. On nous raconte des histoires tellement bizarres que vous n'arrivez plus à trier le vrai du faux. Sous les cocotiers, le plombier devient banquier et le financier fermier. D'ailleurs moi aussi j m’amuse à jouer le jeu et invente des palais à la Békaa, une carrière de chanteuse, un background politique ou une fortune gagnée à la loterie. A chacun ses rêves et ses fantasmes. Au cours d'une de ses soirées gastronomiques, notre couple a acquis une immense popularité en remportant haut la main un concours de Tamouré. Nous n'avions jamais dansé le tamouré, mais ce soir là, en empruntant quelques mouvements à Nadia Gammal, nous avons envoûté tous les G.M (Gourmets Modestes) et les G.O (Gourmets Ordinaires) réunis. Le soleil est chaud, le sable blanc, la mer bleue et les rimes en “on" loin derrière.Mais au bout de quinze jours il faut reprendre sa vie habituelle. Nous imaginons déjà les retrouvailles à Beyrouth et comptabilisons toutes les histoires à raconter. Nous échangeons les adresses avec les amis d'un été en jurant de garder le contact... ce qui ne se fait presque jamais.

Avant de quitter le club, mon G.M (Grand Mâle) attitré n'a pas manqué de dire au revoir à notre G.O (Grand Oublié) d'accueil, qui entretemps s'était trouvé un G.M (Garçon Manqué) pour s’occuper.

 

vendredi 9 août 2013

EMBARQUEMENT IMMEDIAT



AEROPORT RAFIC HARIRI - BEYROUTH

photo J.Boulos

                                   

Ca y est vous partez! Les vacances dont vous rêviez depuis la fin des précédentes sont enfin réalité. Finis les embouteillages, les portraits à donner des cauchemars, les conducteurs qu'on n'épousera pas, les grands diners de 500 personnes et les "petits" mariages de 1000. Pendant 15 jours vous serez juste une touriste béate et bienheureuse. Le pied! Vos valises sont bouclées depuis 3 jours et le taxi vous attend au bas de l'immeuble pour vous déposer à l'aéroport.
Tout commence 5 secondes avant l'arrêt du taxi. Dès qu'il freine, le flic de faction lui dit: “Yallah avance vite. » Ah bon, et on fait comment pour descendre corps et biens, on se téléporte comme M.Spock?, mais rien à faire, vous êtes bien décidée à rester de bonne humeur, vous ne vous énerverez pas, après tout , ce sont  VOS vacances! Premier contrôle des passeports et vous êtes à l'intérieur. Vous êtes reçue par une flopée de douaniers qui vous fouillent ou pas selon leur humeur, le temps qu'il fait ou votre coiffure.
Un haut parleur nasille en trois langues :
“Dernier appel pour les voyageurs à destination de Londres". C'est soudain le branle-bas de combat comme si toutes les personnes présentes venaient juste de se rappeler qu'elles allaient à Londres. Une femme avec 4 enfants et 8 valises fait une crise de nerfs devant le guichet destination Londres parce qu’on lui dit que l’avion est surbooké.
Deuxième contrôle de passeport. Vous faites votre plus beau sourire. "Vous allez où?" “Paris "; “Comme ça toute seule?"  " Oui " (et pourquoi pas c'est interdit?); "Où vous travaillez?". Il commence à vous énerver avec toutes ses questions mais vous répondez quand même. “Et vous allez faire quoi à Paris?" Non mais de quoi je me mêle! Que peut-on faire en été à Paris à part flâner et faire des courses? L'envie vous démange de lui répondre insolemment “Trafic de drogue" juste pour voir, mais sagement vous dites "Tourisme"; “Bon voyage. » Merci.
"Dernier appel pour les voyageurs à destination de Londres". Vous n'en croyez pas vos oreilles! Cet appel n'en finit pas d'être le dernier. Après un tour rapide au dutyfree, vous décidez de vous diriger vers la porte d'embarquement. Troisième contrôle de passeport.
"Dernier appel pour les ...." C'est sûrement une blague! « Y’a t-il un pilote dans l’avion ? » en plus absurde! Après un dernier contrôle, vous êtes enfin dans l'avion. Un couple avec 1 bébé et un tout petit de 2 ans arrive dans la rangée devant vous. On les a séparés et ils demandent gentiment au monsieur assis côté hublot si ça le dérangerait beaucoup de changer de place. L'homme bondit et s'accroche à son hublot comme un naufragé à sa bouée:
“Jamais, jamais, j'ai réservé cette place depuis un mois et je ne l'abandonnerais pas". Il faut de tout pour faire un monde. L'hôtesse suggère un siège un peu plus loin pour le nourrisson s'il peut voyager seul. Et pourquoi pas piloter l'avion tant qu'elle y est! Finalement un autre couple a courtoisement cédé sa place, et l'avion a enfin décollé.
Un sourire aux lèvres, vous pensez que vous ne saurez jamais si la pauvre dame aux 5 passeports a finalement trouvé des places dans ce fameux avion à destination de Londres.