J'habite un
rez-de- jardin.
J’écris toujours
assise à mon bureau, juste sous la fenêtre. De temps en temps, quand je
travaille, écris des mails ou tchatche avec mes amis à l'étranger, je lève les
yeux et c'est toujours un plaisir de voir des oiseaux de toute sorte profiter
des arbres de mon tout petit jardin.
Ca faisait un
moment que je ne les voyais plus. Mais cet après-midi, ils m'ont sauté aux
yeux. Les traces de l'obus qui avait explosé dans mon jardin et dont les éclats
ont traversé ma chair et celle du père de mes enfants.
Ils sont toujours
là ces éclats, bien enfoncés dans le béton et dans la chair. Et il y en a
encore partout, dans chaque maison libanaise du Sud au Nord. Ces éclats datent
de 1991… et depuis rien n’a changé. Nous avons construit des routes, des tours,
des restaurants de luxe, des hopitaux… mais nous avons oublié de reconstruire
l’Homme.
JE PLEURE. MES LARMES COULENT SANS ARRET. Je
suis triste. Pour la millionième fois, les médias ont montré le visage
« civilisé » du Liban. Et pourtant nous ne sommes pas tous des
barbares. Nous ne sommes pas des terroristes.
COMMENT, COMMENT, COMMENT PEUT-ON ENCORE APPLAUDIR À LA GUERRE?
COMMENT PEUT-ON ENCORE DONNER DES EXCUSES A CEUX QUI PORTENT DES ARMES?
Il est plus que tant de laisser le bon vaincre le mauvais. Il est plus
que tant que la majorité silencieuse fasse du bruit. BEAUCOUP de bruit. De
n’importe quelle façon. Il faut continuer à se faire entendre…C’est
vital ! Parce que, depuis des années, des fous sanguinaires,
mégalomanes assoiffés de vengeance nous dirigent droit vers l’enfer. Parce que
Aoun hait Geagea et Hariri, parce que Hariri déteste Nasrallah, parce que
Joumblatt ne supporte pas Wahab, parce que Frangieh a horreur de Geagea, Assir
veut la tête de Nasrallah…la liste est longue… et parce que chacun veut
anéantir l’autre, ils nous conduisent droit vers l’enfer. Et nous nous laissons
faire. Stoïques. Indifférents. «Habitués ». Quelle horreur que d’être
« habitués » à la violence.
Et
nous, peuple « belrou7beldamiste », avons crée des assises populaires
à ces monstres qui n’ont jamais eu en tête que leurs réussite personnelles,
leur désir de pouvoir et de plaire au plus fort qu’eux.
Et
voilà où nous en sommes. Pour imposer une loi, fausse, vraie ou la meilleure,
on prend les armes. On tue, on brûle, on dévalise. Et ça peut recommencer à
tout moment. D’un côté comme de l’autre.
Et des
jeunes qui n’ont pas souffert de la guerre des 15 ans (la première…) klaxonnent
et pavoisent dans la rue. Nous n’avons plus de tolérance, nous n’avons plus de
limites, nous sommes menés par notre fanatisme aveugle, religieux ou
politique.
Je ne
sais pas lequel d’entre vous se retrouve dans ce Liban là.
Pas
moi.
LA PAIX N'EST PAS UNE HONTE. ACCEPTER LA PAIX EST LA PLUS BELLE FORME DE
COURAGE.
Et
nous en sommes TOUS
responsables.