Programmes novateurs, ateliers...au théâtre Monnot, du sur-mesure pour museler la guerre
Sous la houlette de sa directrice Josyane Boulos, l’institution théâtrale a abrité une série de réunions visant à créer des activités à budget réduit pour répondre à la situation que le pays traverse.
OLJ / Par Nanette ZIADE RITTER, le 01 novembre 2024 à 18h00
La guerre entend réduire la culture au silence. Mais la culture s’insurge et fait contre mauvaise fortune bon cœur.
Au théâtre Monnot, réunis autour de sa directrice, une soixantaine d’acteurs et de metteurs en scène ont procédé à des séances de brainstorming au cours des dernières semaines. En pleine crise, ces rencontres ont transcendé le simple échange d’idées pour devenir un véritable soutien, non seulement pour les professionnels de la scène, mais également pour le public en quête de repères.
Dans une période marquée par l’incertitude, ces dialogues représentent un pilier essentiel pour la préservation et le renforcement de la scène théâtrale. Les participants se sont unis pour réfléchir à des façons de rendre le théâtre plus résilient et en phase avec les attentes de la société. Ensemble, ils ont exprimé l’urgence de maintenir un théâtre pertinent et proche de la communauté.
Le contexte actuel ne laisse aucun doute sur les obstacles à venir. Pourtant, le théâtre Monnot reste déterminé à alimenter cet élan collectif à travers des actions concrètes : programmes novateurs, ateliers inspirants et productions engageantes. Ces initiatives visent non seulement à maintenir la scène théâtrale active, mais aussi à rassembler la communauté.
Au fil de quatre sessions de discussions, environ 60 participants incluant l’équipe du théâtre, des acteurs, des metteurs en scène et de nombreux créateurs de la scène locale ont partagé leurs points de vue. Chacun a contribué à identifier des pistes pour relever les défis présents et imaginer un futur, même incertain, pour le théâtre libanais. Malgré les turbulences, l’équipe du théâtre Monnot reste optimiste et déterminée à en faire un espace de transformation et de réflexion. Elle souhaite que ce lieu devienne un vecteur de voix citoyennes, un creuset de dialogues essentiels et un exutoire pour le public libanais en quête de sens.
Josyane Boulos, sa directrice, ne pouvait rester les bras croisés. Elle se devait de partager son quotidien, ses états d’âme et une sorte de projection dans l’avenir. Il en allait de la survie des artistes, du théâtre lui-même. « Il fallait impérativement éviter la fermeture », dit-elle, en expliquant que « le théâtre n’est pas qu’une forme de divertissement, mais bien le pain qui nourrit, une nécessité incontournable ». Elle a donc lancé un appel à une centaine d’acteurs et de metteurs en scène, qui pour la plupart ont répondu présent et se sont réunis sur quatre séances. Ils ont d’ailleurs produit de petites vidéos en ligne sur les réseaux sociaux pour annoncer des activités en ligne ou in situ pour continuer d’exister et pérenniser le théâtre Monnot qui leur tient à cœur. « J’ai réussi à faire du théâtre Monnot un lieu de vie », souligne Josyane Boulos, pour qui cette dimension est essentielle.
Elle raconte qu’elle est en train de monter une pièce à quatre mains avec Mireille Panossian et que sa planification s’étend sur 30 jours à chaque fois, quoique la salle a été réservée en décembre par un grand metteur en scène . « Toute mon action est une résistance culturelle, car je crois fermement que c’est la culture qui nous sauvera en fin de compte. Une fois que les bombes s’arrêteront, c’est vers elle qu’on se tournera comme pour la période du Covid, c’est toujours la culture qui est notre planche de salut », insiste la directrice du Monnot qui confie avoir sondé quelque 400 personnes sur leurs envies quand elles se rendent au théâtre. Entre-temps, elle développe ses relations avec l’étranger pour mettre en place un fonds de soutien aux acteurs émergents et à la création théâtrale elle-même, mais pour l’heure se consacre aussi à des activités pour les enfants des réfugiés accueillis par les pères jésuites. Par ailleurs, elle annonce avoir obtenu une bourse américaine pour élaborer une audiodescription sur laquelle elle s’est remise à travailler.
Déjà un premier spectacle !
Le premier spectacle de ce cycle est Avant de partir, un texte de Dimitri Melki mis en scène par Chadi el-Habre, avec Kamal Kassem dans le rôle principal qui est accompagné de Chris Ghafary et Ali Baydoun. Cette pièce, qui sera présentée les 2 et 3 novembre, interroge ce qui se joue dans les instants précédant un départ. Et si cette décision de partir était consciente ? Est-ce que cela permet à chacun de faire tout ce qu’il désire, d’ouvrir son for intérieur, ou finit-on par simplement rassembler quelques affaires et partir ? Avant de partir explore les confrontations profondes qu’un homme traverse face à son enfance, face à la mort rencontrée au détour de son parcours et face à la solitude, cette prison ultime qui nous attend tous, peu importe notre cheminement. Assis à la fenêtre de sa chambre, cet homme attend un avion qui pourrait l’emmener vers d’autres horizons, où l’air semble plus pur, plus beau, et où tout paraît plus possible. Puis la semaine d’après, les 6, 8 et 12 novembre, le théâtre proposera un hommage à Jacques Prévert à l’Act du Monnot. Ses poèmes et chansons seront portés par les voix de Josyane Boulos, Zalfa Chelhot et Cyril Jabre.
« Avant de partir », samedi 2 et dimanche 3 novembre à 17h30, à l’Act du théâtre Monnot.
« Prévert entre poèmes et refrains », les 6, 8 et 12 novembre, à l’Act du théâtre Monnot.
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