lundi 7 octobre 2024

JOURNAL DE GUERRE 06 -10-2024


 

(AI English translation Below) 

Le quotidien à Beyrouth est devenu un cauchemar depuis le début des frappes israéliennes. Cela fait  huit jours (comme une année) que la guerre totale a englouti le Liban, avec plus de 9 100 attaques israéliennes à travers le pays depuis le 8 octobre 2023.

Depuis le lundi 22 octobre, la vie dans la capitale est devenue insupportable. Les bombardements touchent principalement la banlieue sud de Beyrouth, à seulement 600-800 mètres de chez moi à vol d’oiseau.  Et le drone de surveillance israelien bourdonne sans arrêt dans notre ciel. 

Chaque nuit est marquée par des frappes aériennes qui commencent aux alentours de minuit pour se poursuivre jusqu'à 3h30 du matin. Sur X (anciennement Twitter), le porte-parole de l'armée israélienne publie des messages avertissant les habitants de certains immeubles d'évacuer immédiatement, car les bombardements sont imminents. Les familles fuient en pleine nuit, souvent en pyjama, ne sachant pas où aller, emportant ce qu'elles peuvent dans un désespoir absolu.

Ce qui est particulièrement déchirant, c'est que ces frappes visent généralement des dépôts d'armes, placés en plein milieu des habitations civiles par le Hezbollah. Cela souligne une triste réalité : les gouvernements successifs du Liban depuis 2004 n'ont jamais réellement pris en compte les intérêts de notre population.

Chaque matin, nous comptons les morts, les blessés, et les immeubles détruits, que ce soit à Beyrouth, dans la montagne, à la Bekaa ou au Sud. Le présent est si lourd que je n'arrive même plus à penser à l'avenir. Mon esprit est comme figé dans une brume anesthésiante. Je ne fais rien, je lis, je suis les nouvelles, je dors par moments pour rattraper les nuits sans sommeil. De temps en temps, des amis passent et on partage une bouteille en se donnant du courage.

Je tente de mobiliser mes amis à l’étranger pour qu’ils parlent du Liban, car nous savons que bientôt, comme toujours, nous ne serons plus qu’un fait divers dans les médias internationaux. Seuls les réseaux sociaux continueront à relayer notre réalité, mais même là, la diffusion de nos posts diminue de manière inquiétante. Avant, j'avais facilement un minimum de 200 likes sur mes publications, aujourd'hui, je n'en reçois que 10 ou 20.

C’est un sentiment étrange, d’observer le monde continuer comme si de rien n'était, tandis que notre avenir semble inexistant.


Josyane Boulos.


Daily Life in Beirut Has Become a Nightmare


Since the beginning of Israeli strikes, life in Beirut has turned into a nightmare. It’s been eight days (feeling like a year) since total war engulfed Lebanon, with over 9,100 Israeli attacks across the country since October 8, 2023.

Since Monday, October 22, life in the capital has become unbearable. The bombings are primarily hitting the southern suburbs of Beirut, just 600-800 meters away from my home, as the crow flies. And the incessant buzzing of Israeli surveillance drones haunts our skies.

Every night is marked by airstrikes, beginning around midnight and lasting until 3:30 AM. On X (formerly Twitter), the Israeli army spokesperson sends messages warning residents of certain buildings to evacuate immediately, as bombings are imminent. Families flee into the night, often in pajamas, not knowing where to go, carrying whatever they can in absolute despair.

What is particularly heartbreaking is that these strikes often target weapons depots placed right in the middle of civilian areas by Hezbollah. This highlights a grim reality: Lebanon's successive governments since 2004 have never truly considered the well-being of our population.

Every morning, we tally the dead, the injured, and the destroyed buildings—whether in Beirut, the mountains, the Bekaa Valley, or the South. The present is so heavy that I can’t even think about the future. My mind feels frozen in an anesthetizing fog. I do nothing but read, follow the news, and sleep occasionally to make up for sleepless nights. Sometimes friends come over, and we share a bottle of wine, trying to muster up some courage.

I’m trying to mobilize my friends abroad to speak up about Lebanon, because we know that soon, as always, we’ll become just another footnote in international news. Only social media will continue to tell our reality, but even there, the reach of our posts is alarmingly declining. Before, I’d easily get at least 200 likes on my posts—today, I barely receive 10 or 20.

It’s a strange feeling, watching the world move on as if nothing is happening, while our future seems nonexistent.

Josyane Boulos

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