vendredi 11 octobre 2024

Le Libanais Typique - Journal de Guerre 11-10-24

 




(AI English translation below) 

11-10-24 

Envie d'être plus légère ce soir... Malgré tout.

On pourrait penser qu’être typiquement libanais, c’est savoir préparer le taboulé avec le persil plat, conduire comme un taré, dire Yalla ! à tout bout de champ ou se disputer qui va payer l’addition au resto. Ce n’est pas du tout ça ! Être typiquement libanais c’est :

  • Recevoir une vidéo/ ou un article d’un journal étranger parlant du Liban et l’envoyer immédiatement à tous ses contacts Whatsapp qui l’enverront à tous leurs contacts. Tu le recevras donc 15 fois. Nous sommes, il ne faut pas l’oublier, le nombril du monde.
  • Avoir plusieurs UPS à la maison : un pour l’ordi, un pour la Wifi et un pour la PlayStation/XBox des gosses (pour les étrangers go Google UPS)
  • Avoir un répertoire d’insultes très varié qui s’adresse à Satanyahu et son sbire Avichie Azrael, à toutes les instances de l’état qui se réveillent un peu trop tard et à toutes les milices qui nous ont fait arriver ici pour la gloire d’autres drapeaux.
  • Te hérisser et entrer dans une rage folle quand tu apprends que le voisin du sud veut s’approprier le hommos et la manouché.
  • Faire un doigt d’honneur au drone qui sans cesse ronronne au-dessus de nos têtes.
  • Défendre un « zaïm » qui te suce le sang. Tu l’applaudis par réflexe probablement. J’espère pour toi.
  • Être Libanais c’est te hérisser quand tu as lu la phrase du haut, parce que tu es encore un « zaïmien » mais le tien c’est le bon, il ne faut pas mélanger les serviettes et les torchons, Je ne sais pas par quel tour de baguette magique tu as oublié toutes les horreurs qu'il a commises pendant la guerre. (Je parie que maintenant, tu penses au zaïm de l'autre camp et que tu vas arrêter de lire ce texte, car tu n'arrives pas à prendre du recul sur la situation.)
  • Dormir sous les bombes et le lendemain aller au travail, à l’école, à la plage. Tu mettras sur les réseaux les photos des bombardements mais pas de la plage. Faut pas exagérer quand même !
  • Apprendre à ses enfants dès leur plus jeune âge que quand ils seront grands, ils vont aller vivre ailleurs en sécurité. Parce qu’ici rien n’est stable, tout peut flamber n’importe quand.
  • Inventer le mot « fresh dollars »
  • C’est y croire encore. Se battre encore pour sauver les restes. Pourquoi ? Je ne sais pas. Mais ce n’est sûrement pas pour l’odeur de la manouché, du jasmin et le goût des amandes vertes. Peut-être parce qu’abandonner est une forme de défaite.
  • C’est faire partie d’une petite communauté de 4 millions de personnes sur un petit territoire de 10452 km2 et être plus désunis et intolérants que la Terre entière.
  • Ce qui ne t’empêche pas de faire preuve d’un élan de solidarité fédérateur pour aider ton prochain.
  • Et surtout être typiquement libanais c’est vivre dans la sous-merde et appeler ça « résilience. »

Josyane Boulos 

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10-11-24 

Feeling like being lighter tonight… Despite everything.

One might think that being typically Lebanese means knowing how to prepare tabbouleh with flat-leaf parsley, driving like a maniac, saying “Yalla!” at every opportunity, or arguing over who will pay the restaurant bill. That’s not it at all! Being typically Lebanese means:


  • Receiving a video or an article from a foreign newspaper about Lebanon and immediately sending it to all your WhatsApp contacts, who will then forward it to all their contacts. You’ll end up receiving it 15 times. We are, after all, the center of the universe.
  • Having several UPS units at home: one for the computer, one for the WiFi, and one for the kids' PlayStation/Xbox (for foreigners, go Google UPS).
  • Having a very colorful repertoire of insults directed at Satanyahu and his henchman Avichie Azrael, at all state authorities who wake up a bit too late, and at all the militias that got us here for the glory of other flags.
  • Getting outraged and entering a blind rage when you hear that the neighbor to the south wants to claim hummus and manousheh as their own.
  • Flipping the bird at the drone constantly buzzing above our heads.
  • Defending a "zaim" who’s sucking your blood. You probably applaud him out of reflex. I hope so, for your sake.
  • Being Lebanese means getting furious when you read the above sentence, because you’re still a "zaim-ist" but yours is the good one, of course. We mustn't mix napkins and rags. I don't know by what magic trick you've forgotten all the horrors he committed during the war. (I bet now you're thinking of the zaim from the other side and will stop reading this text because you can't take a step back from the situation.)
  • Sleeping under bombs and going to work, school, or the beach the next day. You'll post pictures of the bombings on social media, but not of the beach. We have to maintain some decency!
  • Teaching your kids from a young age that when they grow up, they’ll go live elsewhere, somewhere safe. Because here, nothing is stable, everything can blow up at any moment.
  • Inventing the term “fresh dollars.”
  • It’s still believing. Still fighting to save what’s left. Why? I don’t know. But it's definitely not for the smell of manousheh, jasmine, and the taste of green almonds. Maybe because giving up is a form of defeat.
  • It’s being part of a small community of 4 million people on a small territory of 10,452 km² and being more divided and intolerant than the rest of the world.
  • Which doesn’t stop you from showing a wave of unifying solidarity to help your fellow citizen.
  • And above all, being typically Lebanese means living in the worst conditions and calling it "resilience."

Josyane Boulos 




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